L'ELEGANCE DU HERISSON, de Muriel Barbery
Prix Georges Brassens 2006
Je ne suis pas la première à faire une critique de ce livre, et je remercie tous ceux qui me l'ont conseillé. C'est un petit moment de bonheur. Un livre original, plein d'émotions sans mièvrerie, de rebondissements, d'amitié. Ah, ça fait du bien de lire un bon bouquin.
Renée, concierge d'un immeuble très chic rue de Grenelle, est une intellectuelle cachée. Elle jour le rôle de la concierge lambda, avec air benêt, fautes de français, télé toujours allumée et soupe aux choux mais se cache dans un recoin de son antre pour lire des livres de philosophie, regarder des films japonais et boire du thé.... Tout ceci avec une dérision et une finesse dans la description des "bourgeois(e)s" qui habitent dans l'immeuble.
Paloma, jeune fille de 12 ans habitante de l'immeuble, ne supporte pas sa famille : père député, mère en psychothérapie et sous antidépresseurs depuis 15 ans et soeur à Normale Sup qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Pour fuir cet environnement, elle a décidé de se suicider pour ses 13 ans et, en attendant, écris un journal avec ses "pensées profondes" (ex : La vie, de tous, ce service militaire".)
On passe d'un personnage à l'autre jusqu'à ce qu'elles se rencontrent grâce à une tierce personne et ainsi apprennent à se connaître.
Le livre est léger et en même temps très puissant. On y rencontre beaucoup de préjugés : des bourgeois vers la concierge ("on se souvient que, pour les résidents, je suis une concierge bornée qui se tient à la lisière floue de leur vision éthérée"), de la concierge vers les "riches" (""Antoine Pallières, héritier prospère d'une vieille dynastie industrielle, est le fils d'un de mes huit employeurs. Dernière éructation de la grande bourgeoisie d'affaires - laquelle ne se reproduit que par des hoquets propres et sans vices-...").
L'écriture est fine, très agréable (j'avoue cependant avoir sauté une ou deux pages sur des théories philosophiques un peu longue).
Bref, c'est un livre à lire, et je ne suis pas la seule à le dire (voir les critiques de Florinette, Cuneipage, et sûrement bien d'autres...)
Extraits :"Je vais vous dire : si, jusqu'à présent, vous imaginiez que, de laideur en vieillesse et de veuvage en conciergerie, j'étais devenue une sorte de chose miteuse résignée à la bassesse de son sort, c'est que vous manquez d'imagination. J'ai fait repli, certes, refusant le combat. Mais, dans la sécurité de mon esprit, il n'est point de défi que je ne puisse relever. Indigente par le nom, la position et l'aspect, je suis en mon entendement une déesse invaincue".
"Mme Michel, elle a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle et aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes".