Eau sauvage, de Valérie Mréjen
Eau sauvage prend la forme d'une dialogue à sens unique entre un père et sa fille.
Le premier semble relativement seul, voyage, se plaint de ne pas voir ses enfants assez souvent mais semble omniprésent, ne cessant de les interroger sur leurs occupations, leurs tenues, leurs amis, leurs loisirs. Il est tour a tour protecteur, quémandeur, exigeant, admiratif, généreux, touchant, critique.
Ça n’a pas l’air d’aller ? Tu peux te confier, j’aimerais t’être utile bien que je sois maladroit.
De temps en temps, tu pourrais dire « je vais préparer une salade ». Spontanément, tu ferais à manger. Quelque chose de facile, des pâtes ou une omelette, ce dont tu as envie.
Tu cuisinerais un petit plat, ce que tu veux, ça m’est égal, mais que ça vienne de toi.
Je veux de l’affection. Que vous me demandiez si j’ai passé une bonne journée. Que vous soyez serviables, agréables, accueillants.
En face de ce flot de paroles et d'interrogations du père, rien n'apparaît dans le livre de sa fille a laquelle il s'adresse. Mais c'est justement ce vide et ce silence qui permet d'imaginer la fille, dont le portrait se dessine peu a peu en creux.
Silence protecteur vis a vis de l'étouffement qui pourrait être consécutif aux multiples assauts du père, qui voudrait faire les questions et les réponses
Ces deux-là communiqueront-ils jamais?
Un très beau petit livre, de tout petit format, avec une superbe couverture, et un superbe titre qui pourrait faire penser plus d'une au parfum de son père ... Bravo sur toute la ligne!