Les cafetières de février
Je vous ai déjà parlé, à demi-mot, des personnes qui partagent ma passion de la lecture et que je rencontre une fois par mois : elles se surnomment "les cafetières". Pourquoi? Tout simplement parce qu'on se retrouve autour d'un café à la maison "le café littéraire".
On parle à bâtons rompus des livres que l'on a lu, on échange nos impressions et on se sert dans la pile de bouquins qui grandit sur la table.
Cela permet d'avoir accès à des nouveaux livres mais surtout de discuter de la façon dont chacune à lu un livre. C'est l'échange que l'on retrouve sur les blogs et c'est sympa de le vivre de temps en temps en face à face. Ça reste des moments très conviviaux.
Notre dernière rencontre avait lieu vendredi. Pour la première fois, j'avais demandé aux cafetières de faire par écrit un commentaire sur un des livres. Je vous transmet ci-dessous les critiques de celles qui ont bien travaillé, et les commentaires des autres....
De Suzy B :
Tout comme le titre, le livre est d’une simplicité déconcertante, cachant un trésor de sensibilité exacerbée. Avec une écriture linéaire collant parfaitement à la vie quotidienne du musicien, nous cheminons subtilement et intimement à ses côtés. (J’ai vraiment eu l’impression d’être sur le France / New York !!). Echenoz nous donne au fil des jours toutes les clefs du caractère de ce compositeur : ce dandy est un passionné de la nature, notamment des oiseaux. On découvre aussi son côté « horloger suisse » hérité de son père, célèbre ingénieur (un des inventeurs du moteur de l’automobile). On voyage au cœur du pays Basque et on comprend ainsi la forte influence de l’Espagne sur son œuvre.
Sa personnalité tout en finesse semble tournée exclusivement vers l’art non sans une certaine indifférence à l’égard de son entourage. Sa solitude nous pénètre et lorsqu’il sombre dans l’oubli de tout ce qui fut sa vie, nous « sombrons » également avec lui.
Ce roman m’a bouleversé par sa grande humanité.
Nancy : j’ai trouvé ça d’une platitude…
Françoise : son problème d’insomnie m’a fatiguée !!!
Claire : on a l’impression de n’avoir aucune relation avec lui. Mais il y a beaucoup d’humour…
Suzy : on effleure sa vie par petite touche mais c’est bouleversant !!!
Françoise : il faudrait que je le relise avec cette lecture…
De Nancy P :
TERRE DES OUBLIS , de Duong Thu Huong
C’est un roman vietnamien qui raconte l’histoire d’une femme remariée après que son premier mari ait disparu à
Au cours d’une narration éblouissante l’auteur passe de l’un à l’autre des 3 personnages dans un triangle tragique.
On retrouve une société marquée par des principes moraux et politiques. La description des odeurs, des couleurs, de la cuisine enrichit le livre.
Beau roman triste et lent qui nous plonge au cœur de ce pays marqué par les traditions.
Sylvaine : trop lent pour moi, je n’ai pas réussi à finir….
De Sylvie :
ECOUTE MA VOIX, de Suzane Tamaro
Ce livre est la suite de « Va ou le cœur te porte »
La petite fille orpheline a grandi et reviens chez sa grand-mère qui l’a élevé, toujours en quête de son identité passée et future.
Elle va mûrir lentement en lisant les documents retrouvés dans le grenier, qui vont lui permettre de faire connaissance avec ceux qui lui ont donné la vie.
Elle retrouve une partie de sa famille, renoue avec ses racines juives.
Très belles descriptions de la douleur de celui qui se cherche, de ceux qui ont refusés leur maternité/paternité. Un parallèle constant avec la symbolique des arbres (racines, recherche de la lumière). De très belles phrases sur le regret… la gorge se serre. Bien aimé.
A la suite de notre rencontre avec l’auteur à Rennes, je viens de relire ce livre qui me frappe encore par la puissance de l’imagination de l’auteur, par la philosophie dégagée par cette histoire réelle et imaginée.
L’auteur raconte en 30 chapitres la vie réelle d’Hitler et la vie qu’il aurait pu avoir s’il avait réussi son entrée à l’école des Beaux Arts de Vienne.
La grande force de ce livre est qu’il met en parallèle constamment toutes les périodes de la vie de Hitler. Il évoque surtout ses années de jeunesse dont on parle très peu et qui l’on conduit à devenir ce que l’on sait. Il nous montre ce qu’il aurait pu être en faisant des choix différents. On ne naît pas monstre, on le devient. Schmitt, en tant que philosophe nous pose la question : comment se fabrique un homme ? Il expose la part d’ombre qui est en chacun de nous.
A chaque étape de notre vie, le mauvais choix est possible. Problème de notre liberté et responsabilité individuelle.
A rapprocher du livre des Bienveillantes de Jonathan Littel.
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Et voilà, la suite des lectures de cafetières le mois prochain...