La porte, de Szabo Magda
Après la lecture de la ballade d'Iza qui a été un de mes coups de coeur, j'avais hâte de retrouver cette auteur. J'avoue avoir été un peu déçue par ce livre que j'ai trouvé très lent et très long. Et pourtant la psychologie des personnages est très bien décrite. C'est plein d'émotion, d'amour et de rejet. Peut-être un peu trop étouffant pour moi...
Emerence, vieille femme sans âge et concierge de l'immeuble, devient la femme de ménage d'un couple d'intellectuels. Va s'instaurer entre eux une relation pour le moins étrange. Emerence est secrète, personne n'a le droit de rentrer dans sa loge, personne n'arrive à la gérer. Elle a des avis arrêtés sur tout et refuse tout compromis. Elle balance régulièrement à ses amies leurs quatre vérités de manière haineuse. Et pourtant tout le monde l'aime, elle sait se rendre indispensable.
Une relation de haine-amour qu'on a plus l'habitude de trouver entre un mari et sa femme qu'entre une femme de ménage et sa "patronne".
L'écriture est très fine, on sent l'ambiance, les crises, l'amour inconditionnel. Pourtant je suis resté en retrait de cette histoire.
Extrait : "Il est vrai qu'Emerence n'aimait pas n'importe comment, elle aimait d'une manière qu'elle aurait pu découvrir dans la Bible si toutefois elle en avait une, ou si à l'époque ou elle allait à l'école on lui avait mieux fait connaître les apôtres. Si Emerence ignorait les épîtres de Saint Paul, elle les vivait, je ne crois pas qu'en dehors des quatre piliers qui soutiennent la voûte de ma vie, mes parents, mon mari et Aganscos, mon frère adoptif, quelqu'un eût été capable de m'aimer comme elle, inconditionnellement et sans réserve. Son amour fait penser à celui de Viola qui parcourait le dédale de ses sentiments avec une passion si douloureuse, mais voilà, Viola n'était pas à moi, il était à elle. Où qu'elle travaille il lui arrivait de laisser tomber sa tâche, parce qu'il lui venait à l'esprit que je pouvais avoir besoin de quelque chose, et elle n'était rassurée qu'en voyant qu'il ne me manquait de rien, alors elle repartait en courant, le soir elle préparait un plat dont elle savait que je l'aimais, mais il lui arrivait aussi d'apporter autre chose, des cadeaux inattendus, sans raison particulière."
Si vous voulez lire un avis beaucoup plus positif, allez voir celui d'Hervé,