La passion selon Juette, de Dupont-Monod Clara
La passion selon Juette est un roman qui a pour base une histoire vraie, celle d'une véritable Juette née à Liège au Moyen Âge, mariée à 13 ans, veuve à 18 ans. Elle a vécu son mariage comme un viol de son corps et de son esprit, ses maternités comme une extension de ce viol. Refusant le remariage, elle va se retirer du monde dans une léproserie et devenir béguine (Au Moyen Âge, on appelle béguine des femmes qui se vouent à Dieu, sans entrer au couvent.Bien qu’elles se réunissent souvent en petites communautés pour se protéger, s'entraider et surtout vivre leur dévotion, elles peuvent tout aussi bien vivre seules, ou dans leur famille, voire avec un époux.Leur caractéristique est l’absence de règle : elles peuvent choisir de faire un vœu, souvent de chasteté (avec l’accord de leur époux si elles sont mariées), parfois de pauvreté, exceptionnellement d’obéissance. Comme beaucoup d'autres mouvements de l'époque (cathares,), les béguines prônent un idéal de pauvreté évangélique et seront parfois persecutées en étant soupçonnées d'hérésie. Source : Wikipedia). Là, elle va avoir des visions devinant les péchés des autres et les obligeant à s'amender. Des femmes qui veulent échapper au mariage la suivent. Son pouvoir devient plus important. Son confesseur a rapporté ses paroles dans l'espoir de la voir canonisée.
Clara Dupont Monod a mis trois ans pour écrire ce livre, plongeant dans la blessure de Juette, sa souffrance, son combat, sa vision de la religion. On suit avec passion l'évolution de sa personnalité. Son seul confident est un prêtre lui aussi dissident : Hugues. Il l'aime profondément, essaye de la sauver, de l'aider. Les chapitres sont écrits alternativement par lui ou par Juette.
Beaucoup d'émotion dans ce livre : haine, amour, désespoir, lucidité, violence.Très bon livre sur cette période de l'histoire ou les femmes n'avaient pas leur mot à dire.
Extrait : "Pourquoi fêter la fin de l'enfance? On ne danse pas quand quelqu'un meurt ! J'ai froid. Je n'ose plus bouger. Je connais les gestes à accomplir, les mots à prononcer. Je me répète sans cesse que personne n'a voulu me faire mal. Le mariage est un sacrement voulu par l'Eglise, qui, seule, définit les bons chrétiens. Je sais ce qu'une chrétienne doit faire pour être bonne. Je sais ce qu'une fille doit taire pour devenir femme. Mais je sens un doute terrible planté en moi comme une épine.
Je n'ai pas protesté. J'ai laissé faire parce qu'on ne défie pas l'ordre des choses. On ne défie pas son père ni Dieu.
Je m'appelle Juette, j'ai quinze ans. Je suis mariée. J'ai sans doute été punie parce que je suis mauvaise."
Voici l'avis d'Hélène, qui fait partie de mon café littéraire et fait tourner le livre : "Femme du 12ème siècle qui décide de se libérer des conventions sociales, du mariage. Elle décide aussi de vivre sa foi en accord avec elle même en opposition au clergé. Elle va aller soigner des lépreux dans une grande simplicité. On la prend pour une folle. Plein de réflexion presque féministe. Bien écrit, on est vraiment pris dans ce livre.".
Vous pouvez aussi allez voir les commentaires de Clarabel, Malice, Lily, et un interview de l'auteure ici qui se défend d'avoir écrit une biographie.