Caresse de rouge, de Fottorino Eric
J'avais noté ce livre en naviguant sur le blog de Anne, et Clarabel,
Colin est mort. Il allait avoir 4 ans. Ses parents vivaient séparés, et Félix, son père, se remémore les quelques années qu'il ont vécu ensemble. Il était à la fois le père et la mère et vouait à son fils un amour exclusif. Ils ont construit une famille imaginaire faite d'ombre chinoises et d'une maman travestie.. Mais voilà que la vraie maman revient, et l'enfant veut rester avec elle.
Jusqu'où peut-on aller pour garder l'amour de son fils?
Beaucoup de poésie dans ce livre. Beaucoup d'émotion sans pleurnicherie, et un vrai coup de point au ventre à la fin.
Extrait : "Je me souviens avec précision du moment ou la mascarade a commencé. C'était un soir d'hiver, un soir de nuit très tôt, de nez bouché, de mal à respirer, de toux et de gorge qui picote, un soir où Colin s'était planté devant moi avec son oeil buté de petit animal sauvage. Il avait lancé ce cri qui me glace encore "J'veux ma maman". Pas de pleurs, juste une voix résolue, un regard qui avait traversé de mornes étendues immenses et froides avant de se poser sans joie sur mes mains qui s'ouvraient à lui, impuissantes, trop grandes et pas assez douces. "J'veux ma maman", répétait Colin. Il prenait un air de reproche, comme si j'avais caché sa mère dans l'armoire avec mes costumes et les sachets de lavande. Assez joué, il voulait que je la rende. Il attendait de pied ferme. Un papa peut tout, même inventer une maman. L'univers venait de se rétrécir d'un coup. J'étais seul, mais je devais aimer en double. Je craignais de ne pas tenir la distance. C'est si lourd, si épuisant, l'amour d'un enfant, l'amour qu'il vous donne et qu'il faut verser en retour, des promesses en pagaille. Colin m'appartenait et, pourtant, je me sentais livré à lui. Quand il pressait mes joues entre ses mains, je n'étais plus très sûr de qui était le père, qui était le fils et je ne parle pas de la mère puisque nous improvisions, creusée dans son absence, une vie sans elle."