Mille soleils splendides, de Hosseini Khaled
parution 10/2007 - 400 p - traduit de l'américain
J'avais déjà eu un coup de coeur pour son précédent roman "Les cerfs volants de Kaboul", et j'ai été à nouveau prise par le ton, l'émotion et l'écriture de son nouveau roman.
On retrouve Kaboul au moment de la guerre, en suivant deux femmes :
- Mariam, jeune paysanne bâtarde qui vie en retrait avec sa mère et voue un amour inconditionnel à son père. Elle va laisser ses rêves de vie meilleure pour se marier à 15 ans et se soumettre à son mari de 30 ans son aîné.
- Laila, jeune citadine de 14 ans, prise dans le feu de la guerre, qui va voir sa vie se décomposer brutalement.
Peut-on se sortir de cette vie sacrifiée quand on est une femme en Afghanistan?
Très beau roman intelligent et émouvant. On y suit la guerre qui a mis à feu l'Afghanistan, les sentiments et les émotions : des femmes qui ont perdu leur liberté, des "intellectuels" qui voient leur pays partir en friche, des hommes plus "rustres" qui encensent l'arrivée des talibans, et de toute cette population qui souffre de la guerre tribale qui a mis le pays a feu et à sang pendant de si longues années.
Juste un conseil : NE LISEZ PAS LA QUATRIÈME DE COUVERTURE, on en apprend beaucoup trop !!!!
Extrait : "Il attrapa le sac en papier qu'il avait gardé près de lui et en sortit une burqa bleu ciel dont les longs pans de tissu se déplièrent sur ses genoux lorsqu'il leva les bras pour la lui montrer.
- J'ai des clients, Mariam, des hommes qui viennent avec leur épouse dans ma boutique. Ces créatures là se promènent sans même un voile sur la tête, elles s'adressent à moi directement, elles me regardent dans les yeux sans aucune honte. Elles portent du maquillage et des jupes qui leur arrivent au-dessus du genou. Parfois même, elles me tendent leurs pieds pour que je mesure leur pointure, et leurs maris les laissent faire sans rien dire. Rien , pas un mot! Ils trouvent normal qu'un inconnu touche les pieds nus de leur femme ! Ils se prennent pour des intellectuels, des hommes modernes - à cause de leur éducation, je suppose. Ils ne se rendent pas compte qu'ils salissent leur nang et leur namoos - leur honneur et leur fierté.
Il secoua la tête.
- La plupart vivent dans les quartiers riches de Kaboul. Je t'y emmènerai et tu jugeras par toi même. Mais certains habitent aussi ici, à Deh-Mazang. Il y a un professeur dans notre rue, il s'appelle Hakim, et sa femme se promène tout le temps seul, avec juste un foulard sur la tête. Ça me gène, franchement, de voir ces hommes qui ne sont même pas fichus de se faire respecter chez eux, qui ont perdu le contrôle de leur épouse. Moi, je te préviens, je ne suis pas comme ça. Là d'où je viens, le visage d'une femme ne doit être vu que par son mari, et un seul mot de travers suffit à verser le sang. Tu n'as pas intérêt à l'oublier, compris?"