Je suis morte et je n'ai rien appris, de Collèter Solenn
Bizutage dans un grand lycée privée de Neuilly qui intègre des prépas. Certains étaient prévenus mais pensaient que ce serait plutôt sympa, une bonne intégration. D'autres, comme Laure, tombe des nues. Humiliation, rabaissement, peur, cauchemar, annihilation de la personnalité, fatigue physique, violence, hurlement, écoeurement, honte.... tout cela dans le but de soit disant inculquer aux nouveaux les valeurs de l'école.
Mais, en plus de cette horreur quotidienne, le bizutage va dégénérer. Et Laure va être la seule à le voir. Mais que faire, seule contre tous. Comment s'élever seule contre cette barbarie. Où trouver une aide ?
Moitié policier, moité roman de société, Solenn Collèter, nous livre une diatribe violente contre ce passage autrefois obligé des "grandes" écoles, passage par lequel elle est passée.
J'ai connu cette période de bizutage, bien sûr pas aussi dur, mais j'ai retrouvé dans ces pages les moments de peur, l'espérance que ça tombe sur celui ou celle d'à côté, l'humiliation. Je suis heureuse que ce soit interdit aujourd'hui....
Merci à Mélanie qui me l'a envoyé. Si quelqu'un le veut.....
Extrait : "Les filles pleurent doucement, elles n'ont plus la force de crier, de se lamenter, plus l'énergie pour une crise de nerfs. Les larmes coulent, les épaules se soulèvent sur des sanglots répétitifs et vains. Du côté des garçons, l'image est plus contrastée. Certains gémissent, s'insurgent, larmoient. D'autres ont les yeux secs; soient qu'ils aient déjà craqué hier, ce matin, tout à l'heure, et aient à présent réussi à se barricader dans un monde inaccessible, soit qu'ils n'aient pas encore abandonné la lutte qui leur conserverait leur dignité. Mais l'atmosphère est épaisse de leurs cris refoulés.
Laure aperçoit Martin, penché sur un garçon désespéré : il a choisi le camp des consolateurs plutôt que celui des pleureurs. Malgré ce terrible bizutage qu'il accepte sans se rebeller, malgré les images gravées en elle du jeune homme dans les poses les plus avilissantes, il demeure son héros.
Vraiment? Un peu moins qu'avant, Laure, soit honnête !
La jeune fille se glisse dans sa chambre, se brosse les dents en évitant la confrontation avec son reflet dans la glace. Puis elle se laisse tomber sur son lit. Cette nuit, les bizuts ne sont pas censés coucher sous leur sommier. C'est déjà ça."