Les bottes rouges, de Bartelt Franz
Le narrateur vit depuis 10 ans dans un petit village sans histoire. Il est « localier », le correspondant du journal local. A lui la nouvelle motopompe des pompiers, la visite de personnalités dans le village… Tous les soirs, son voisin, Basile, vient vider des bières avec lui, pendant qu’il épluche des pommes de terre, son passe-temps favori. Mais voilà qu’une histoire de mari infidèle va ébranler cette vie tranquille.
Beaucoup d’humour et d’esprit caustique dans cette description sans fioriture de la vie d’un « localier » dans un petit village pluvieux. J’ai ri plus d’une fois malgré le côté sombre de l’histoire.
De plus, l’écriture est très vivante, assez soignée. Je mets plusieurs extraits pour que vous en jugiez.
Livre à découvrir, bon moment de détente et de plaisir.
Extraits :
"Les qualités professionnelles du correspondant local tiennent surtout dans le soin avec lequel il s’attachera à produire des articles dont on aurait pu se passer aussi bien localement que dans le reste de l’univers. Il mettra aussi un point d’honneur à les rédiger dans un style dont rien ne pourra laisser supposer qu’il pourrait être encore plus inexpressif. L’objectivité est plate, à ce que prétendent les rédacteurs en chef. Cela possède au moins le mérite de classer la tranche de jambon, la sole et l’eau du robinet au même degré d’objectivité.
Quand on y pense, reprit-il, les choses du sexe, c’est vraiment dégoûtant. Ca coule, ca se raidit, ça mouille, ça crache, ça s’enfonce, ça se défonce, ça se mélange, c’est gluant, ça colle. Heureux qu’on n’y pense pas avant, objectivement, je veux dire…
Il n’y a guère que les gens qui ont du temps à perdre qui perdent leur temps. Les autres trouvent à s’employer utilement dans ce qu’ils font comme dans ce qu’ils ne font pas. On remplit sa vie tout aussi bien avec de l’immobilité qu’avec de l’agitation. Regarder pousser les flaques d’eau dans la rue est une occupation importante, essentielle, quand on aime les flaques d’eau. Il est fort bien pensé que la société se soit toujours retenu de rabaisser la contemplation libre et gratuite de la pluie, de la neige, du ciel, des ruisseaux, au niveau d’une profession, fût-elle profession de foi, ce qui aurait transformé en devoir ce plaisir si simple et si sain, en corvée, en carrière. "