La théorie du Panda, de Garnier Pascal
Je l'avais noté il y a longtemps chez Clarabel, Sylire m'a fait une piqûre de rappel, et sur les étagères de ma bibliothèque, il me tendait les bras...
Étrange livre dont j'ai beaucoup aimé l'écriture... Des petites phrases comme "C'est fragile les gens, dur et fragile comme le verre.", "Il se met en marche avec l'obstination d'une vieille machine à vapeur". "Ses yeux coulent, son nez coule, il se noie de l'intérieur"
On y suit Gabriel, homme sans attache, qui fuit un "passé qui engloutit à chaque seconde son présent". Il arrive dans un hôtel d'une petite ville bretonne, y croise Marguerite, la réceptionniste, Marc et Rita, deux âmes à la dérive, et José, patron de restaurant seul à la suite de l'hospitalisation de sa femme...
Gabriel est prévenant, il aide, cuisine, paie, soulage.. avec toutefois une tristesse infime qui le marque.
Petit à petit, des strates de son ancienne vie se dévoilent. On a envie de connaître la suite, de savoir pourquoi... Un livre lu d'une traite.
Extraits : "D'un geste machinal, José effleure le chromo de la vierge collé sur le tableau de bord comme d'autres touchent du bois. Les essuie-glaces font leur boulot, sans conviction. Ici, c'est toujours la pluie qui gagne.
- Ils sont gentils tes gosses.
- Oui, ils sont gentils... Et Françoise aussi est gentille et toi aussi et Marie aussi!... Alors pourquoi, merde?...
Son poing, en s'abattant sur le volant, fait zigzaguer la voiture. Un camion rouge venant en ses inverse l'évite de justesse dans un mugissement de klaxon. José se gare sur le bas-côté, s'effondre sur le volant, le dos secoué de sanglots. Vingt mille lieus sous les larmes. Avec quoi éponge-t-on toute cette peine? Gabriel pose sa main sur l'épaule de José. C'est tout ce qu'il peut faire. Il revoit le camion rouge foncer vers eux. Il n'a pas eu peur. Il était prêt. Depuis longtemps il est prêt".