Il passait à Rennes... je m'étais promis de ne plus faire d'achat de livres de la rentrée... et bien sûr après l'avoir écouté j'ai craqué !!!
J'ai lu ce livre dans la soirée d'hier, ce sont des courts chapitres d'une page ou deux. Jean Louis Fournier nous parle de ses deux fils, tous deux handicapés mentaux. La naissance de deux trésors, l'annonce du handicap, le quotidien... tout cela est vu avec beaucoup d'humour qui cache une belle émotion.
On sent un homme que la vie a malmené et qui garde un profond amour pour ses enfants, ses petits oiseaux déplumés qui parlent un langage de lutins...
Beau livre qui ne tombe jamais dans le misérabilisme et qui a su me toucher.
A la place d'un extrait, je vous mets un petit compte rendu de la rencontre qui a eu lieu jeudi 2 octobre dans la Fnac de ma ville (nous étions 8 à l'écouter, ce qui a permis un réel échange)
Pourquoi ce livre ?
Comme je le dis dans le livre, je ne souhaitais pas que mes garçons ne soient que des photos sur des cartes d'handicapés. Je voulais parler d'eux, les présenter.
Question sur son humour qui est sans doute un paravent :
J'aurais pu faire du Zola avec ce livre ou avec celui sur mon père qui était alcoolique avec qui je n'ai jamais réussi à communiquer. Mais je ne voulais pas de ça.
En fait, je me rends compte que beaucoup de mes livres parlent de moi en transparence. Par exemple, quand j'ai écrit l'histoire d'un oiseau qui avait le vertige, c'était un oiseau handicapé, comme mes fils...Mais c'est souvent à mon insu !
Une anecdote : Un jour j'ai entamé une psychothérapie parce que je n'allais pas bien. La psy était sinistre ! Un jour, j'ai décidé de lui inventer une histoire pour essayer de la faire sourire. Je lui ai raconté l'histoire d'un court métrage en cours : ça se passe sur une plage de la mer du Nord. Il y a deux scaphandriers qui se font des amabilités pour savoir lequel va le premier entrer dans la mer. A ce moment, la psy me demande "pourquoi il ne rentre pas dans la mer?" et surpris, je lui réponds "parce qu'elle est froide !" J'étais en fait en train de mettre en scène les problèmes affectifs que j'ai eu avec ma mère qui était très froide et ne nous a jamais embrassé.
C'est passionnant l'être humain !
Pour l'humour, j'ai rencontré tout à l'heure des jeunes dans le cadre du Goncourt des Lycéens, et une jeune fille m'a dit : "vous ne trouvez pas que vous êtes trop dur avec vos enfants?" Mais il faut savoir lire entre les lignes, l'humour est comme un message codé. C'est une sorte d'affection bourrue.
Succès de ce livre
Le meilleur compliment que j'ai eu de ce livre vient de mon frère, qui ne lit qu'un livre par an, et en général le mien ! Il m'a dit : "Tu m'as fait pleurer, tu m'as fait rire". et c'est ce que je cherchais à faire. Comme les gosses qui ont la faculté de rire de tout alors que nous, les adultes ont a de la complaisance dans notre malheur.
Le succès de ce livre me fait plaisir car il vient du bouche à oreille et de la sympathie qu'on eu les libraires pour ce livre. Cela me fait penser que les gens commencent à moins réagir au matraquage publicitaire de certains.
Comment réagissent les lecteurs ?
Ce livre a permis de déboulonner des choses dont on ne parlait pas. Je suis content parce que je me dis que j'ai agrandi le cercle de mes amis. Je parle aux gens et les gens m'écrivent. Les lettres des gens sont bouleversantes, je me sens proche d'eux.
Bientôt une BD ?
On vient de me le proposer et j'aime bien l'idée. Ce livre peut aussi être vu comme un conte. On pourrait montrer les enfants handicapés différemment, comme des lutins ou des oiseaux.