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le blog des fanas de livres
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19 octobre 2008

Cartographie des nuages, de Mitchell David

resize parution 05/2007 - traduit de l'anglais coup_de_coeur

Un pavé dans lequel j'ai eu grand plaisir à plonger.

De chapitre en chapitre, on passe dans des temps, des lieux et des personnages différents, avec pour chacun un langage et un style particulier. Une tache de naissance, un manuscrit, des lettres, un île perdue quelque part entre timbre et rythme... sont des minces fils rouge qui relient ces périodes et ces personnes entre elles, avec une question principale qui est en suspens dans chaque histoire : l'extinction de l'humanité est elle inscrite en nous, dans notre nature ?

- On commence sur une goélette  qui fait escale dans les îles Chatham, près de la Nouvelle Zelande. On suit le journal d'un notable Adam Ewing : écriture ancienne et précieuse. Découverte d'un nouveau monde avec les Maoris qui ont subit l'arrivée des missionnaires . "Aube humide et sans soleil. La baie semble comme engluée mais l'atmosphère demeure suffisamment légère pour permettre la poursuite des réparations sur la Prophétesse; Neptune en soit remercié. L'on hisse un nouvel artimon au moment ou j'écris".

- Puis nous voilà un siècle plus tard, dans les années 30, avec Robert Frobisher, musicien qui a fuit des problèmes d'argent et s'est mis au service d'un grand compositeur. Il écrit des lettres à un ami, dans un style télégraphique et commence à écrire l'oeuvre de sa vie : la cartographie des nuages. "Suis désormais l'enfant chéri de Zedelghem. Il y a longtemps que je ne l'avais été pour quiconque; j'en retire un certain plaisir. Jocasta a suggéré que je délaisse la chambre d'amis au profit d'une plus vaste au second, agrémenté selon mon plaisir de tout ce qui attirerait mon attention ailleurs dans le château."

- Et le temps continu en Californie dans les années 70 ou Luisa Rey, journaliste, enquête sur un complot nucléaire. On se retrouve dans un vrai polar haletant. L'écriture est alors contemporaine. "Afin de persuader Fay Li qu'elle ne représente aucune menace, Luisa Rey joue la journaliste écervelée qui, question comportement, s'est mise sur son trente et un. Si elle y parvient, Luisa disposera d'une marge de manoeuvre suffisante pour débusquer les compagnons de mutinerie de Sixsmith."

- Un petit bon de 40 ans, et nous voici de nos jours, dans le chapitre intitulé "'épouvantable calvaire de Timothy Cavendish", ou le pauvre homme, ancien éditeur (notamment du livre de Luisa Rey), se retrouve coincé dans une maison de retraite. Une verve drôle et dynamique : jubilatoire ! "Le Dr Alahaus était un de ces monstres d'arrogances primés aux oscars que l'on croise dans les administrations scolaires, judiciaires ou hospitalières. Il passait à la maison de l'Aurore deux fois par semaine, et si, à l'âge d'environ cinquante-cinq ans, sa carrière n'avait pas atteint les sommets promis par son patronyme, la faute nous incombait à nous autres malades, méprisables embûches sur le chemin des émissaires de la guérison. J'avais renoncé à le rallier à ma cause à l'instant même ou mon regard s'était posé sur lui. Les torches-culs, frotte-baignoiresfrotte-baignoires et réchauffe-bouillasseréchauffe-bouillasse à temps partiel n'étaient pas davantage pressés de mettre en péril leur éminente place dans la société en aidant à s'échapper ceux dont ils avaient la garde."

- Vient enfin le temps du futur, avec le procès de Sonmi-451, une clone, une "factaire". Ils vivent dans une "corpocratie" (on reconnaît l'ancienne Corée). Des combats ont lieu pour que les factaires soient reconnus comme des citoyens. La vie y est sans sentiments, prévue d'avance. Les excès de notre vie contemporaine toujours présents et amplifiés.  L'écriture est très fluide avec de nombreux mots inventés mais que l'on comprend très bien : "Les serveuses sont réveillées à 04h30 par une décharge de stimuline dans l'air suivie d'un solairage du dortoir. Après une minute d'hyginénaire et de vaporisoir, nous passons un uniforme propre puis avançons en file vers le dînarium."

- Après la Chute (?) on s'enfonce encore plus dans le futur à la rencontre d'un peuple rustre au langage parlé qui vit sur une île. Leur icône s'appelle "Sonmi". Les Prescients, des noirs qui ont une connaissance plus élaborée et qui arrivent en bateau pour faire du troc, vont faire l'analyse de leurs moeurs et de la différence entre les civilisés et les sauvages. "c'qui sépare les sauvages pis les civilisés, c'est pas les tribus ni les chaînes de montagnes, nan : chaque humain est un peu des deux, ouais. Les Anciens avaient la Savance des dieux pis la sauvag'rie des chacals aussi, et c'est ça qu'à provoqué la Chute. J'ai connu des sauvages qu'avaient un beau coeur d'civilisé enfoui sous leurs côtes."

Alors la boucle est bouclée ! à plusieurs centaines d'années d'écart, on retrouve exactement la même histoire de civilisation : "La soif de pouvoir, la science et les facultés qui nous ont fait passer du singe au sauvage, puis du sauvage à l'homme moderne, feront disparaître l'Hommo sapiens avant la fin du siècle !" Et on repart à l'envers pour connaître la fin de l'histoire de Sonmi, Timothy, Luisa, Robert et Adam.

J'ai vraiment eu plaisir à lire ce livre, à découvrir à chaque fois un nouveau monde. Les ruptures de styles sont géniales, étonnantes et habiles. J'ai apprécié aussi cette étude sous-jacente sur le devenir de l'humanité.

A lire.

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Commentaires
J
Oh, ça m'a l'air vraiment génial ! J'adore cette idée de sauter d'époque en époque, avec un fil tenu entre chaque :) Il est la biblio et dispo en plus (est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? mdr !).
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G
@ Anne : d'accord !
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A
Tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la SF ne me plait pas. Et je crains que ces changements de style casse mon élan de lecture: je n'aime pas être arrêtée "dans ma lancée".<br /> Bonne fin de mercredi!
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G
@ Sylire ! ça sort de l'ordinaire, c'est vrai
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S
Cela paraît original ! Je note.
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G
@ Leiloona : là il y a juste des nuages dans le titre..<br /> @ Anne : pourquoi ?
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A
Je ne pense que ce soit pour moi...
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L
Les ruptures de style et de forme pourraient me plaire. Puis je viens moi aussi de finir un livre sur les nuages ... je suis encore dedans.
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G
@ Florinette : les ruptures de styles et les changements d'époques et de personnages peuvent étonner.. mais moi j'ai vraiment aimé
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F
J'ai lu plusieurs avis mitigés sur ce livre, mais après l'enthousiasme de ton article, je ne vais pas hésiter à le noter ! :-)
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G
@ Karine:): il est étonnant ce livre<br /> @ Cathulu : il faut du temps pour le lire, en effet<br /> @ Aifelle : pourquoi pas<br /> @ Amanda : et la couverture aussi...
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A
le titre est déjà très joli :) je note
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A
Je ne suis pas trop attirée par ce genre de livres, mais sait-on jamais.
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C
Si c'est un pavé,à noter pour les vacances donc. les rupture de style et d 'époque m'intéressent, je note !
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K
J'hésite ce livre parce que les visions "fin de l'humanité" et moi, ça fait deux... et jusqu'ici, j'avais cru comprendre que c'était de ça qu'il s'agissait... mais quand même, tu piques ma curiosité.
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