L'inaperçu, de Germain Sylvie
Un livre que j’ai eu plaisir à lire ne serait-ce que par l’écriture subtile de Sylvie Germain, mais une histoire dont-il ne me restera pas grand-chose…
Une famille marquée par la mort du père dans un accident de voiture, une mère qui prend en charge à bras le corps ses quatre enfants et le commerce familial, aidée par un homme, Pierre, rencontré au hasard.
On suit l’évolution de cette famille, l’adolescence puis l’age adulte des enfants, la disparition de Pierre…
J’ai été déçue qu’on n’aille pas plus en profondeur dans l’histoire de Marie, la dernière fille qui se trouvait dans la voiture au moment de l’accident. J’ai trouvé qu’à vouloir trop suivre tous les personnages on les survolait...
Une histoire qui n’a pas su me happer mais qui m’a permis de découvrir plein de nouveaux mots : glossolalie, amphigourique, ocelle, itérative, inférer, vaguer, coqueriquer, shaignes… (je vous conseille la lecture avec un dictionnaire à proximité !
Extrait : « Ils parlent à mi-voix, comme s’ils craignaient de perturber le calme de la ville assoupie dans la brume, ils n’échangent que des phrases courtes qui s’effrangent en points de suspension au bord de leurs lèvres. Les mots fondent dans leur bouche, frappés de nullité, ou de moins d’inadéquation à l’instant où ils se posent sur leur langue. Les mots se désagrègent, les pensées s’émiettent, le temps vacille dans une parenthèse d’atemporalité. Lui marche les mains enfoncées au fond de ses poches, elle, les mains repliées autour de la poignée en cuir de son sac qu’elle tient bizarrement devant elle, sous sa poitrine. L’un et l’autre éprouvent une sensation de flottement, d’égarement, ils ne savent pas comment s’acquitter de ce rôle sans texte, sans structure, sans sujet même, qu’ils sont censés tenir impromptu. Mais ce malaise n’est pas dénué de douceur, de léger désarroi a un goût d’innocence. »