Une vie, de Veil Simone
Livre très intéressant. Simone Veil nous parle de sa vie, ses combats..
Dans une première partie (environ 1/4 du livre), elle évoque sa vie d'enfant, de jeune fille et de jeune femme déportée le lendemain du passage de son bac, avec sa mère et une de ses soeurs. Passage à AuschwitzAuschwitz, puis Bobrek. Temps de la Shoah et de l'Holocauste. A son retour à Paris, brisée mais vivante, elle va rapidement reprendre des études, se marier, avoir trois enfants. Tout est dit sans atermoiement, avec pudeur et respect.
Dans la deuxième partie, plus conséquente, on découvre son engagement, un peu par hasard, dans le monde politique. Elle veut travailler, à un fort caractère et toujours le courage de ses opinions qu'elle clame haut et fort. Ce n'est pas une politicienne mais une travailleuse infatigable. Ministre de la santé (avec le fameux vote de la loi légalisant l'avortement), puis présidente du parlement Européen, on peut suivre quels sont les embûches et les louvoiements de ce monde politique ou le "je" est si important. Plutôt que sa personne, c'est son combat qu'elle met en avant, égratignant au passage pas mal de monde.
Elle n'a pas la langue dans sa poche, et c'est ce que j'ai aimé dans ce livre : "comme je ne déteste pas être politiquement incorrect...". De plus, ce livre permet de nous replonger dans une partie de l'histoire politique française et européenne. Dense et très bien écrit. On sent vraiment l'intelligence de cette femme mis au service de son pays.
Extraits : "Aujourd'hui encore, plus de soixante ans après, je me rends compte que je n'ai jamais pu me résigner à sa disparition. D'une certaine façon, je ne l'ai pas acceptée. Chaque jour, Maman se tient près de moi, et je sais que ce que j'ai pu accomplir dans ma vie l'à été grâce à elle. C'est elle qui m'a animée et donné la volonté d'agir. Sans doute n'ai-je pas la même indulgence qu'elle. Sur bien des points, elle me jugerait avec une certaine sévérité. Elle me trouverait peu conciliante, pas toujours assez douce avec les autres, et elle n'aurait pas tort. Pour toutes ces raisons, elle demeure mon modèle , car elle a toujours su affirmer des convictions très fortes tout en faisant preuve de modération, une sagesse dont je sais que je ne suis pas toujours capable."
"Et puis, autre chose me gêne dans ses droits de l'homme prétenduement universels, c'est que, précisément, ils ne le sont pas. Il y a toujours deux poids, deux mesures. Quand il s'agit de négocier des accords commerciaux avec la Chine, le silence est d'or. Quand on cherche à séduire Poutine, on lui décerne volontiers des brevets de civisme, passant sous silence ses manquements aux sacro-saints droits de l'homme."