Une ardente patience, de Skarmeta Antonio
Ce livre était noté sur ma LAL depuis plus d'un an!, suite au commentaire élogieux de Florinette
Nous sommes en 1969, à l'Ile Noire, petit village de pécheur au Chili. Le jeune Mario Jimenez devient le facteur d'un seul et unique client : Pablo Neruda. Entre le jeune homme plein de fougue qui souhaite devenir poète et l'homme de lettre, va se nouer une forte amitié. Quand Allende va devenir président, et Pablo Neruda ambassadeur à Paris, Mario Jimenez va perdre son emploi, mais non son amitié pour le poète. Le jour ou ce dernier va recevoir le prix Nobel de littérature, Mario va faire une fête, faisant fi des restrictions et invitant tout le village.
Une belle histoire d'amitié, un voyage dans ce pays reculé et meurtri mais plein d'amour et de soleil. Une belle parenthèse de lecture.
Extrait : "Voici exactement cent ans, un poète pauvre et splendide, le plus atroce des désespérés, écrivait cette prophétie :"A l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes."
"Je crois en cette prophétie de Rimbaud, le voyant. Je viens d'une obscure province, d'un pays séparé des autres par un coup de ciseaux de la géographie. J'ai été le plus abandonné des poètes et ma poésie a été régionale, faite de douleur et de pluie. Mais j'ai toujours eu confiance en l'homme. Je n'ai jamais perdu l'espérance. Voilà pourquoi je suis ici avec ma poésie et mon drapeau.
"En conclusion, je veux dire aux hommes de bonne volonté, aux travailleurs, aux poètes, que l'avenir tout entier a été exprimé dans cette phrase de Rimbaud : ce ne sera qu'avec une ardente patience que nous conquérons la ville splendide qui donnera lumière, justice et dignité à tous les hommes."
"Et ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain."
Ces paroles déchaînèrent des applaudissements spontanés dans le public installé autour de l'appareil et une cascade de larmes chez Mario Jimenez. Debout, au premier rang, il laissa libre cours à cette ovation pendant une demi-minute, puis refoula ce qu'il avait dans les narines, frotta ses pommettes trempées par l'ondée et se retourna pour remercier des acclamations nourries destinées à Neruda en élevant une paume à la hauteur de sa tempe en l'agitant à la manière d'un candidat aux élections sénatoriales."