Le week-end, de Schlink Bernhard
Parution 09/2008, 220 p, traduit de l’allemand
Jörg est un ancien terroriste de la Fraction Armée Rouge. Arrêté à la suite d’une délation et mis en prison, il en ressort 20 plus tard, au moment d’une grâce présidentielle. Sa sœur, Christiane, qui a toujours été très proche de lui, a organisé un week-end à la campagne avec des anciens amis. Elle espère qu’ils pourront l’aider à repartir d’un bon pied. Viens s’immiscer Marko, un ulta gauchiste qui veut continuer le combat avec Jörg à la tête.
Comment gérer son passé de terroriste et de meurtrier ? Est-ce qu’en abandonnant le combat on nie son idéal ? et surtout comment ses amis peuvent le gérer ? Il est question de pardon, de culpabilité, de remords, d’amitié, de liens familiaux. L’amour ou l’amitié peuvent-ils êtres au dessus des meurtres ? Chacun cherche sa place dans ces trois jours de week-end pas si paisibles.
J’ai été un peu déroutée au début par le style et l’écriture que j’ai trouvé un peu trop « allemand » : froid, concis, abrupte (ai-je des préjugés ! Non !). Mais ensuite, je me suis laissé prendre par la tension palpable de ce week-end. Il y a des très beaux passages sur le pardon, les rêves d’avenir, la responsabilité…
Un bon livre que j’avais hâte de retrouver et qui fait réfléchir…
Extrait : « Karin continua : « tu estimes que Jörg n’est rien s’il n’est pas ce qu’il voulait devenir ? Tu estimes que tous ceux dont les espoirs ne sont pas réalisés ne sont rien ? Alors, il n’en reste pas beaucoup qui soient quelque chose. Je ne connais personne dont la vie sot devenue telle qu’il la rêvait.
- Que voulais-tu donc devenir de plus ? Je pensais qu’évêque, puisque vous n’avez pas de pape, il n’y avait pas mieux » ne put s’empêcher de dire Andreas, que Karin agaçait.
Eberhard rit.
« Il vous échoit quelquefois des choses dont on n’avait même pas rêvé. Il n’empêche que la plupart des rêves ne donnent rien. Je suis le plus vieux de vous tous et, moi non plus, je ne connais personne qui ait réalisé ses rêves dans sa vie. Ce n’est pas pour autant que la vie ne vaudrait rien. ; la femme peut être adorable, sans être la grande passion, la maison jolie même si elle n’est pas au milieu des arbres, et le métier respectable et rémunérateur sans pour autant transformer le monde. Tout peut-être valable et n’être pourtant pas tel qu’on l’avait rêvé. Ce n’est pas une raison pour être déçus, ni pour forcer les choses.
- Pas une raison d’être déçus ? dit Marko avec une grimace de dédain. Vous voulez tout enjoliver à coups de mensonges ? »