Seul dans le noir, de Auster Paul
Parution 01/2009 – 180 p, traduit de l’américain
August Brill, septuagénaire, est insomniaque. Pour éviter de ressasser nuit après nuit la mort de sa femme, le divorce de sa fille et la dépression de sa petite fille, il invente des histoires. Celle en cours est un drame ou, dans un monde parallèle, l’Amérique est en guerre civile, plusieurs régions voulant leur indépendance. Au fil des pages, on passe de la fiction inventé à la vie d’August, la pensée reprenant le dessus à l’occasion d’un verre d’eau ou d’une envie pressante.
Un peu déroutée au départ par ce va et viens entre le récit imaginaire et la réalité (à chaque fois que je reprenais le livre je devais repartir deux pages en arrière pour savoir dans quel histoire j’étais) je me suis réellement senti bien dans le livre passé la moitié. On est moins dans la fiction et plus dans sa relation avec sa fille et sa petite fille, tous les trois vivant sous le même toit. Beaucoup d’émotion dans cette deuxième partie.
Avis donc mitigé, il ne me restera pas grand-chose de ce petit livre pourtant bien écrit.
Extrait : « Non, je n’ai pas oublié. Le tourbillon de la toux m’a propulsé dans une autre région, mais me voici revenu et Brick est toujours avec moi. Envers et contre tout, en dépit de cette funèbre excursion dans le passé – et comment empêcher la pensée de filer là ou elle veut aller ? La pensée pense à son idée. Qui a dit ça ? Quelqu’un, à moins que je ne vienne de trouver ça moi-même, ce qui ne change rien à rien. Créer des expressions au milieu de la nuit, inventer des histoires au milieu de la nuit – nous progressons mes petites chéries, et, si atrocement douloureux que puisse être ce gâchis, il comporte aussi de la poésie, du moment qu’on peut trouver les mots pour l’exprimer, à condition que ces mots existent. Oui, Miriam, la vie est décevante. Mais j’ai envie aussi que tu sois heureuse. »