Lettre au père, de Kafka Franz
Parution 1957, 100 p, traduit de l’allemand.
Kafka remet en cause l’éducation sévère qu’il a reçu pour expliquer le fossé qui le sépare de son père. On sent qu’il souhaite aller vers ce père qu’il aime et qui lui fait peur. Il n’enverra jamais cette lettre.
Kafka revient sur son enfance. Il décrit son père comme un homme qui réunit « de la force et du mépris pour les autres, de la santé et une certaine démesure, de l’éloquence et un caractère intraitable, de la confiance en soi et de l’insatisfaction à l’égard de tout ce qui n’est pas soi, un sentiment de supériorité sur le monde et de la tyrannie, une connaissance des hommes et de la méfiance à l’endroit de la plupart d’entre eux. »
Kafka reproche à son père de l’avoir brisé par la puissance de sa personnalité écrasante et d’avoir fait de lui une personne craintive, peu sur de lui, incapable de fonder une famille.
On sent malgré tout beaucoup d’admiration pour ce père.
Un petit poche à 2 euros qui permet de se plonger dans l’univers de Kafka. A ne pas bouder !
Extrait : « C’est donc dans cet état que je fus laissé libre de choisir une profession. Mais avais-je encore l’usage d’une pareille liberté ? Avais-je donc encore assez de confiance en moi pour accéder à une profession véritable ? Mon appréciation de moi-même était beaucoup plus dépendante de toi que de n’importe quoi d’autre, d’un succès extérieur par exemple. Le succès n’était que le réconfort d’un instant, rien de plus, mais de l’autre côté, ton poids m’entraînait de plus en plus lourdement. Jamais, pensais-je, je ne passerais l’examen de première classe de l’école communale, mais je le passais, j’avais même un prix ; dans ce cas, je serais certainement refusé à l’examen d’entrée du lycée, mais j’étais reçu ; maintenant, j’étais sûr d’échouer en première du lycée, mais je n’échouais pas et je continuais à monter de classe. Cependant je n’en tirais aucune raison d’espoir, au contraire, j’étais toujours convaincu – et le désaveu que je lisais sur ton visage m’en fournissait bel et bien la preuve – que plus j’avais de succès, et plus l’issue serait finalement désastreuse. »