Les dames de nage, de Giraudeau Bernard
parution mai 2007, 250 p, existe en poche.
Ça fait longtemps que ce livre était sur ma LAL mais toujours sortit à la bibliothèque. La semaine dernière, j'ai vu Bernard Giraudeau dans l'émission "la grande librairie" ou il venait parler de son nouveau roman. Il m'a donné envie de lire ses livres, et voilà qu'enfin "les dames de nages" étaient libres...
je l'ai rangé dans la catégorie "roman" parce c'est ce qu'il y a noté sur la couverture, mais il s'agit plutôt d'une autobiographie déguisée...
Marc, le narrateur, est né à La Rochelle dans les années 50. Enrôlé dans la marine à 15 ans, viré à 20, il se cherche un avenir dans les bars, accroché à son appareil photo. Suivant une fille à Paris, le voici devenu cinéaste documentariste, sillonnant le monde pour en rapporter des bouts de vie.
Et bien j'ai beaucoup aimé ce livre, l'atmosphère qu'on y trouve, à la fois pudique et extravertie. Comme l'auteur qui a une envie d'aventure, de nouveauté, cherchant ailleurs ce qu'il ne trouve pas sur place et en lui; et en même temps une émotion, une sensibilité... et une écriture très poétique.
On sent que c'est un homme qui se cherche et qui aime les autres, qui veut apprendre à les deviner, à les comprendre.
Attention, il ne faut pas s'arrêter à la couverture et penser que Bernard Giraudeau nous fait un récit de toutes les femmes qu'il a aimé, pour une nuit ou une éternité. Non, il nous décrit aussi toutes ces femmes et ces amitiés qui l'ont construit, que ce soit la vielle femme qui habite dans la cour d'un immeuble et qui lui fait un signe quand il vient prendre sa moto, sa mère qui devient petit à petit aveugle, Joséphine, la Malienne qui, après des études en France, retourne à Goa pour s'occuper d'un orphelinat,Marcia le transsexuel qui demande aux marins d'envoyer des cartes postales à sa mère des 4 coins du monde pour ne pas qu'elle devine qu'il est prostitué si près d'elle et si loin, et Michel, son ami, qui se perdra dans les vents de l'Afrique...
Un très beau livre. Je ne vais pas m'arrêter là avec cet auteur. Je crois qu'il sera présent au festival "Étonnants Voyageurs" qui a lieu à Saint Malo le we de la Pentecôte. Si je peux, j'irai y faire un tour...
Extrait : "Je regardais ma mère, blessée par l'abandon, son visage comme celui d'un enfant triste étonné par la douleur, son regard implorant l'illusoire réconfort, avec la certitude que rien ne sera plus comme avant. Elle dessinait un pauvre sourire d'excuse. Tu voudrais être sûre que l'on t'aime avec tes mots en désordre. Tu voudrais être cet enfant triste noyé dans les coussins avec des bras autour de toi qui ne te lâcheraient plus. Toi qui a veillé sans relâche, tu acceptes qu'on te veille. Tu n'as peur que du froid, de l'absence."
"Moi qui aimais partir en cherchant la peur comme un baume, comme une excitation délicieuse, un peu mordante, je paniquai devant l'inconnu qui m'habitait. Je résistais à explorer mon propre territoire, m'apprendre, sans réticence, sans cette frayeur sourde d'aborder d'autres rivages. J'avais perdu cette lumière qui me guidait dans mon enfance, cette lumière avec la joie de l'inconscience. Je m'enivrais d'horizons sans jamais me poser, je cherchais une paix que je ne savais reconnaître. Je résistais et je subissais. La sagesse était assise sur l'inaccessible."
"J'avis trop d'impatience pour vivre le bonheur,. J'étais déchiré entre le vouloir faire et le faire, entre la quête et la paix, entre le désir et l'abandon.J'étais, ainsi, deux à me battre. J'ai vécu par procuration les vies des autres, je les ai rêvées, mises en boîte, et je cherchais mon histoire."