Lune noire, de Steinbeck John
Ce livre de Steinbeck est paru pendant l'occupation et a été au début diffusé sous le manteau.
Nous sommes dans un petit village tranquille de bord de mer situé dans un pays enneigé (la Scandinavie ?). Soudainement, une unité allemande envahit le village. Le colonel Lanser demande au maire Orden de collaborer. Celui-ci refuse de prendre parti et met en face de la folie nazie sa liberté d'homme. Que va faire le village ? : vivre tranquillement avec l'envahisseur ou lutter ?
Le livre se présente un peu comme une pièce de théâtre qui se passe à la mairie. Les dialogues entre le maire et le colonel sont très fins. Le colonel allemand est plein de désillusion face à la guerre et la résistance de la population. Il sait comment tout va se finir, mais reste fidèle à son pays. Le maire n'a l'air de rien, mais montre le chemin de la résistance à son village.
Un très, très bon livre, superbement écrit et plein de force et de finesse psychologique. A lire et relire.
Extrait : "Je n'ai pas le choix entre la vie et la mort, voyez-vous colonel, mais... j'ai le choix de mon attitude. Si je leurs dis de ne pas se battre, ils seront déçus, mais ils se battront. Si je leurs dis de se battre, ils seront contents, et moi qui ne suis pas un homme très courageux je les aurai rendu un peu plus courageux. (Il souri en manière d'excuse.) Voyez-vous, c'est facile à faire, puisque la fin pour moi est la même.
-Si vous dites oui, fit Lanser, nous pourrons leur dire que vous avez dit non. Nous pourrons leur dire que vous avez demandé grâce.
Winter intervint avec colère.
- Ils sauront la vérité. Vous ne pouvez pas garder de secrets. Un de vos hommes a perdu tout contrôle un soir, il a dit que les mouches avaient conquis la papier tue-mouches, et maintenant tout le monde connaît ses propos. On en a fait une chanson. Les mouches ont conquis le papier tue mouches. Vous ne pouvez pas garder de secrets, colonel.
Un sifflement strident hurla du côté de la mine. Une rafale de vent pulvérisa de la neige sur les fenêtres. Orden joua avec sa médaille et déclara d'une voix sourde:
- Vous voyez, colonel, on ne peut rien y changer. Vous serez écrasés et expulsés. Les gens n'aiment pas être conquis, colonel, et donc ils ne le seront pas. Les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeau, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeau qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre. Vous découvrirez qu'il en est ainsi, colonel."