Les heures souterraines, de de Vigan Delphine
J'avais découvert avec un certain éblouissement cette auteure en lisant "No et moi". C'est donc avec une certaine hâte que j'ai lu son nouveau roman. J'y ai retrouvé l'atmosphère parisienne du RER et des oubliés de la vie. Une lecture qui coule, très fluide, pour dire des évènements très dur.
Mathilde vit dans un petit appartement parisien avec ses deux fils. Elle a eu un parcours assez "wonder woman", jusqu'au jour ou une réflexion face à son patron lunatique et colérique la mette sur la sellette. Il n'aura de cesse de la casser psychologiquement, ne lui donnant plus de travail, ne l'impliquant plus dans les projets, faisant le vide autour d'elle : une magnifique histoire de harcèlement moral comme il en existe tant.
En parallèle, Thibault travaille comme un forçat pour les Urgences Médicales de Paris. Sa vie privée est un désastre, lui qui est amoureux d'une fille qui ne l'aime pas. Par son travail il est témoin des minuscules vies oubliées ou désespérées.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils vont se croiser dans ce Paris impersonnel.
"Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au coeur d'une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l'on risque de se perdre sans aucun bruit."
J'ai beaucoup aimé l'histoire de Mathilde. Moi qui ai travaillé pendant 15 ans en entreprise, j'ai vécu de près le harcèlement morale de deux collègues. Même besoin de casser, de minimiser. Très dur.
Delphine de Vigan a connu elle même cette situation. Dans son dernier emploi, elle était en situation conflictuelle et c'est lors d'un trajet RER - métro qu'elle a eu envie d'écrire sur cette répétition des trajets, cette violence silencieuse que peut devenir les rapports en entreprise et sur la destruction de l'estime de soi et la culpabilité.
Mais aussi la vie de Thibault, qui fuit la province et son ennui, pour se retrouver dans l'anonymat de Paris et la solitude urbaine. Lui non plus n'est pas reconnu, non dans sa vie professionnelle, mais dans sa vie personnelle. Là aussi l'estime de soi va être entamé.
J'ai aussi apprécié le fait que l'on retrouve chez les deux personnages les mêmes sentiments et les mêmes phrases.
Un très bon livre sur des sujets d'actualité. Deux minuscules fourmis dans l'immense Paris.
(je ne peux pas vous mettre d'extrait, j'ai prété mon livre avant d'en noter un !)
4/7 (Challenge proposé par Levraoueg