Il y a des mystères, comme celui-ci : comment un tel livre est-il passé à côté des prix lit téraires ?
Voilà un livre coup de poing, un livre qui marque, qu'on ne peut pas lâcher.
Rabut à soixante-deux ans. Il en avait une vingtaine au moment ou il a "fait" la guerre d'Algérie. Depuis son retour, il vit dans son petit village, une vie tranquille... mais au fond de lui reste ancré les horreurs vécu là-bas. Des moments de sa vie qu'il ne peut oublier, qu'il a enfoui. Jusqu'au jour ou "Feu-de-Bois", un autre ancien qui vit misérablement "pète les plombs". C'est alors tous les souvenirs qui remontent et qui éclatent.
C'est Rabut qui parle, qui raconte. Il y a quatre chapitres : le jour, la soirée, la nuit et le matin. On suit ses pensées, ses sentiments intérieurs, son traumatisme quand il n'a rien dit à son retour et que les anciens disaient "c'était pas Verdun". Pas de leçon de morale, mais juste des hommes qui vivent avec ce passé, ces images atroces, ces cris ...
Comme Rabut n'arrive pas toujours à trouver ses mots, il y a beaucoup d'ellipses, et c'est vrai qu'il faut de la concentration pour lire ce livre, mais ça vaut vraiment le coup de rentrer dedans.
Je vous le conseille vivement. Vous trouverez aussi des bonnes critiques chez Sentinelle, Bibllioblog, Val, et un bémol chez Sylire.
Extrait : "La nuit était tombée, mais la neige aussi s'était remise à tomber et même plus drue encore que durant les dernières vingt-quatre heures. Le maire et les gendarmes. C'est moi qu'ils sont venus voir. Moi, parce que je fais partie du conseil municipal d'abord, mais aussi parce que je suis membre des anciens d'Afrique du Nord et que je connais tout le monde ici, Chefraoui et sa femme, et puis, surtout, parce que je suis le cousin de Feu-de-Bois.
Mais quoi. Imaginer comme ils m'ont demandé de le faire, eux, si gênés de déranger un repas de famille, que je puisse les écouter sans broncher et croire que ce soit allé si loin, de manière si -
Enfin, non, ce n'est pas comme ça qu'il faut raconter.
Pas comme ça que les choses me sont tombées dessus ni qu'il a fallu les affronter, à ce moment ou le maire à proposé qu'on aille s'asseoir dans la cuisine pour discuter."