Une année étrangère, de Giraud Brigitte
Laura a 17 ans quand elle décide d’arrêter ses études et de partir 6 mois en Allemagne en tant que jeune fille au paire. Elle fuit une famille déchirée, malheureuse. Elle pense partir à l’étranger pour se vider la mémoire... Parcourir des milliers de kilomètres pour oublier. Mais chaque instant lui rappelle sa vie antérieure.
Perdue au début dans une famille accueillante mais aux habitudes étrangères, elle va petit à petit réussir à se faire un cocon, sans pour autant trouver le repos.
J’éué été envoûtée par ce livre, par la justesse des sentiments et des situations décrites. Ce n’est cependant pas un coup de cœur car j’ai été déstabilisée par la fin…. Mais je n’en suis pas loin.
A lire
Extrait : « Quelle différence pour les Bergen que j’habite Paris ou Lyon, que j’aime la mer ou la montagne, que ma perruche se soit ou non envolée ? L’enjeu est simple, comme dans toute situation de travail : donner à voir le meilleur de soi-même, ne pas attirer l’attention, ne pas se montrer original ou tourmenté, être neutre tout en étant de bonne humeur, être docile sans être soumis, être attentif sans être intime et s’adapter à toutes les circonstances. Pour réussir ce tout de force, c'est-à-dire trouver la bonne distance et la bonne place, sans l’outil primordial du langage, il faut une vigilance de tous les instants, une acuité démultipliée. Il faut être inventif et rusé. Il faut mesurer ce que l’on dit, ce que l’on croit avoir dit, ce que l’on imagine avoir compris, il faut mesurer la façon dont les mots s’inscrivent en soi, les mots étrangers qui souvent résonnent sans faire de sens, mais s’insinuent malgré tout sous la peau, il faut resté éveillé et conscient, accepter d’apprendre sans comprendre, d’agir sans savoir, il faut laisser infuser sans angoisse, ne pas avoir peur de structurer son cerveau autrement, être perméable mais pas poreux, il faut se faire oublier sans s’oublier, raser les murs sans se perdre, être ici et là à la fois, il faut savoir interpréter plus qu’entendre, il faut donner l’impression d’être d’accord sans être dépassé. Il faut que j’aie des antennes, que je sois double en permanence, à l’affut du moindre signe, du moindre indice. »