Le quai de Ouistreham, de Aubenas Florence

16 juin 2010

parution 02/2010, 269 p.

Difficile de parler de ce livre que j'ai trouvé à la fois intéressant et creux...

Je ne sais pas pourquoi j'étais persuadé que ce livre portait sur les immigrants clandestins de Ouistreham, et après avoir vu qu'il était dans les têtes de vente j'avais très envie de le lire pour connaître le point de vue de Florence Aubenas sur ce sujet. Mais je m'étais complètement fourvoyé, il ne s'agit absolument pas de ce sujet !

Florence Aubenas a décidé d'aller à Caen en se faisant passer pour une femme sans diplôme et sans expérience professionnelle pour tâter la réalité du marché de l'emploi. Elle va galérer pendant plusieurs mois, trouvant des heures de ménage à droite à gauche. Elle nous fait partager son quotidien et celui des hommes et femmes qui travaillent avec elle.

Livre intéressant parce qu'il nous fait toucher du doigt la précarité de ces personnes qui travaillent, multiplient les contrats et les heures pour ne gagner que 400 euros par mois. J'en ai un aperçu avec ma propre femme de ménage. Je passe par une société d'insertion, et quand je discute avec elle de sa vie, je suis assez atterrée par ses réveils à 5H00 pour faire le ménage avant l'ouverture des bureaux, ses couchers à 23h00 pour faire le ménage après la fermeture d'autres bureaux, et la galère entre les deux pour trouver quelques heures ... (je ne parle pas du mari analphabète et handicapé et de la fille en grande difficulté scolaire... c'est pire que Zola cette famille).

Intéressant aussi de voir l'absurdité des situations du Pôle Emploi. Avec une amie qui y travaille j'avais déjà eu vents de situations ubuesques.

Par contre, j'ai trouvé que ce livre manquait d'analyse et d'émotions. C'est une suite de faits, de descriptions de lavage de toilettes, sols et bureaux. Sans doute pour nous montrer que le travail est une suite de gestes machinaux provoquant une fatigue physique et morale qui empêche toute réflexion. Mais j'ai regretté l'absence de ressenti sur les odeurs, le froid du petit matin, les fins de mois ingérables,

C'est un livre qui se lit vite mais auquel il manque une grande part d'émotion.

Extrait : "Il faut dire des choses comme "je suis disponible à tout heure". Il faut avant tout montrer qu'on va se plier à un certain nombre de choses. De nos jours, pour refuser de travailler le dimanche, il faut déjà être embauché depuis longtemps. Ne vous y risquez pas. Même si vous ne savez pas faire ce qu'o, vous demande, dites que vous en êtes capables. Vous vous débrouillerez toujours. N'oubliez pas qu'il faut arriver propre sur soi à l'entretien, et surtout à l'heure. ce sont les deux choses dont se plaignent principalement les employeurs. Si vous arrivez à passer parmi les meilleurs, vous serez peut-être gardés en intérim. Il n'y a rien d'autre en ce moment."

Posté par Gambadou à 05:09 - Commentaires […] - Permalien [#]

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Commentaires

Géraldine n°2

26/06/2010 14:54

Je reviens sur mon premier avis, car ma lecture se poursuit avec bien moins d'enthousiasme qu'au début. Si le sujet est toujours aussi intéressant, je trouve effectivement que le style s'essouffle beaucoup et m'essouflle aussi du coup. J'ai du mal à le finir... surtout quand je lis les autres billets qui me donnent envie et que je lorgne sur ma PAL ;-)