Le crieur de nuit, de Alard Nelly
Il était noté sur ma LAL depuis le coup de coeur de Sylire et de Clara. Et voilà qu'il m'attendait bien sagement sur les étagères de la bibliothèque de mon village de vacances !
Sophie, la quarantaine, apprend la mort de son père et s'en trouve soulagée. Elle se retrouve avec sa soeur et son frère pour entourer leur mère et préparer l'enterrement dans ce Finistère du bout du monde. C'est le moment ou remonte tous les souvenirs d'une enfance bâclée ou ce père tyran domestique a fait vivre à la famille des jours difficiles.
Pas de coups mais pas d'amour. .. Brimades, insultes, colère, antipathie....au fur et à mesure de l'avancée de la préparation de la célébration, les souvenirs remontent, mais du plus loin qu'elle se souvienne, ce père qui était devenu grabataire depuis de longues années ne lui a pas laissé de pensées positives. Difficile dans ces conditions de donner au prêtre un texte lumineux qu'il pourra utiliser pour son homélie, ou d'avoir l'air triste quand aucun sentiment ne remonte, si ce n'est le soulagement. Bon moyen aussi de faire le point et de tendre vers le pardon.
Le texte est entrecoupé de passages de "La légende de la mort chez les Bretons armoricains" d'Anatole Le Braz (éditon de 1839) pour reprendre avec un brin de moquerie les usages un rien désuets que l'on retrouve en Bretagne.
Une écriture simple et fluide. Pas de mélos mais des sentiments vrais mélés à des temps plus léger (ah, la scène de la place qu'il faut trouver dans le caveau !).
Un très bon livre, mais pas de coup de coeur car j'ai l'impression que je vais l'oublier rapidement !
Extrait : "Aujourd'hui commence les visites. Maman et moi sommes parties les premières pour être sur place dès l'ouverture du funérarium, pendant qu'Isa et Eric se chargaient d'aller surveiller le bon déroulement des opérations au cimetière. C'est une tradition toujours vivace en Bretagne que tous les voisins, amis ou simples connaissances viennent se recueillir sur sa dépouille mortelle pour rendre un dernier hommage au défunt. Même pour toi, les gens sont venus nombreux. C'est comme ça. Tu n'as plus ton mot à dire.Tous ceux que tu traitais de péquenots entre désormais sans rancune dans ta chambre mortuaire pour te saluer. La plupart me sont inconnus, ils embrassent Maman et viennent me présenter leurs condoléances, puis se signent et restent silencieux, debout, immobiles, autour de toi. C'est la tradition qui veut ça. C'est la Bretagne de Maman qui t'a adopté malgré toi. On n'y peut rien, mais ça fait tout drôle, tant de monde autour de ton lit de mort, pour quelqu'un qui n'avait pas d'amis."