Antonio ou la résistance, de Goby Valentine et Badel Ronan
parution 08/2011 - 79 pages illustrées
C'est un album documentaire jeunesse que j'ai reçu grâce à Babelio.
La collection "Français d'ailleurs" de Autrement Jeunesse est destinée aux enfants de 9 à 13 ans (mais je la trouve très intéressante pour les ados et les adultes aussi !). Elle reprend des histoires de l'immigration en France afin de créer un dialogue inter-culturel loin des clichés.
Chaque titre aborde une période précise de l'histoire de France, à travers l'histoire d'un enfant et de sa famille. En fin de livre, un cahier documentaire permet d'approfondir ses connaissances. Chaque ouvrage est relu par un historien, spécialiste de la période.
J'ai donc lu l'histoire d'Antonio, 12 ans, qui a fui l'Espagne de Franco en 1939. Son père s'est engagé dans la milice républicaine en 1936. Après la défaite, il s'est retrouvé interné en France au camps d'Argelès. Avec sa mère et sa soeur, Antonio a traversé les Pyrénées pour retrouver son père et un semblant de liberté en France. Mais ce ne fut pas si simple. Les hommes n'étaient libérés que quand ils avaient trouvés du travail. La guerre contre l'Allemagne a vidé les campagnes de France, offrant à ces hommes des emplois dans les fermes et une possibilité de s'engager dans le résistance.
C'est un album aux faux airs de cahier d'enfant, avec des pages à petits carreaux et les très beaux dessins de Ronan Badel. Le texte est juste et simple.
Un ouvrage riche en émotion et en information historique.
Je trouve que la lecture dès 9 ans est un peu jeune. C'est pour cela que je l'ai plutôt catalogué "pré-ado, de 12 à 15 ans".
Extrait : "Devant nous, des barbelés. Derrière les barbelés, du sable à perte de vue soulevé en nuées cinglantes. Après le sable, la mer, furieuse sous le soleil. Sur la plage, des baraques, des cabanes, des centaines de tentes. On est en juin 1939, ce sont mes premières images du camp.
Au fond de ma poche, un papier plié en quatre. Un dessin de mon père, interné depuis février dans le camp des hommes, ici, à Argelès-sur-Mer. Il a peu écrit mais les crayonnés qu'il a envoyés ont parlé pour lui. On y voit des silhouettes d'hommes maigres à faire peur, affamés, malades, ou les deux, parfois ils sont enterrés dans le sable pour se protéger du froid et des rafales, sous un ciel noir qui fait mal à regarder. Ces hommes, on dirait des prisonniers, mais ce sont des soldats, les miliciens vaincus de la République espagnole. Des héros. Je me tourne vers ma mère. Elle tient la main de Marina, ma petite soeur, qui se serre contre sa cuisse. Le gendarme la pousse doucement, «allez, allez». Ma mère avance. Elle vient retrouver son mari. Elle a tout fait pour ça."