Limonov, de Carrère Emmanuel
C'est un livre que j'ai reçu à Noël, mais j'attendais le bon moment pour le lire. Là, après la parenthèse Jane Eyre, c'était parfait !
Ce livre m'a permis de me plonger dans la vie et le formidable changement qu'à connu la Russie et les pays Baltes ces soixante dernières années. La vie de Limonov, un homme tour à tour voyou, clochard, écrivain branché, soldat pas très net et enfin homme politique nous permet de suivre la mort de Staline, la chute du communisme, l'arrivée d'une économie de marché avec ses nouveaux riches ... Au milieu, on retrouve des bribes de la vie d'Emmanuel Carrère, qui a lui aussi suivi ces évènements.
C'est une enquête que nous livre Emmanuel Carrère, le portrait d'un homme détestable et attirant, ridicule et sublime, orgueilleux et tout en retenue, violent et doux, héros ou salaud, mais un homme engagé qui va au bout de ses idées et de ses envies. Un jusqu'en-boutiste qui a décidé de devenir célèbre. Or pour être célèbre en Russie avant la perestroïka, il fallait être dissident.
Limonov va chercher à quitter ses parents et sa banlieue triste pour vivre avec une bande d'artistes et de poètes dits "décadents". Cela va lui ouvrir les portes d'une vie de bohème, de Moscou à New York puis Paris.
Il est socialement inadapté, égocentrique, sans pitié et retombe toujours sur ses pattes, son unique but étant toujours d'échapper à l'anonymat.
A un moment, Emmanuel Carrère le compare à tous ces "politiquement incorrects" qu'il a côtoyé à Paris : Jean Edern Halier, Jacques Verges ...
Jusqu'à Paris, j'ai bien réussi à suivre la vie de Limonov et à le cerner. J'ai eu beaucoup plus de mal quand il repart en Russie, se retrouve auprès des Serbes dans la guerre des Balkans, et fonde la Parti National Bolchévique.
Qu'on l'apprécie ou qu'on le déteste (ce qui peut être fait tour à tour en fonction des étapes de sa vie), Limonov est un homme qui ne laisse pas indifférent. Des passages sont assez crus, comme l'est sa vie. Il aura réussi son pari de ne pas finir dans l'anonymat.
Je me suis laissé emporter par cette vie sans concession.
Un ouvrage fascinant pour Sylire, qui a beaucoup apporté à Clara, et que Constance a bien aimé.