Le dernier des Camondo, de Assouline Pierre
Lors d'un récent séjour à Paris, j'ai été visiter le musée Nissim de Camondo, qui est dans un hôtel particulier le long du parc Monceau. Dans cet hôtel particulier, le père de Nissim à collectionné les oeuvres du XVIIIè siècle, mobiliers et objets d'art.
Au-delà de la beauté de cette belle demeure bourgeoise, l'histoire de la famille m'avait intriguée. Nous sommes effectivement accueillis par une plaque commémorative nous rappelant que la famille Camondo n'existe plus, le dernier Camondo s'étend éteint en 1935.
Pierre Assouline a lui aussi été frappé par l'histoire de cette famille et à écrit ce livre, récit biographique. Le style est un peu "ampoulé", mais une fois sauté les 80 premières pages qui relatent de manière très précise et pièce par pièce le mobilier de la maison des Camondo, on entre dans l'histoire.
L'histoire des Camondo est lié à l'histoire des juifs en Europe et en Afrique du Nord. Une communauté juive assez importante vivait en relative bonne entente avec les musulmans qui dominaient l'Espagne au XVe siècle. L'arrivée des catholiques mis fin à cette harmonie. Les juifs furent chassés et se retrouvèrent en Italie et en Afrique du Nord. Une communauté se basa à Venise dans un ghetto, une autre en Orient.
Les Camondo s'installent à Constantinople et deviennent les banquiers des dignitaires de l'Empire.
A la fin du XIXe siècle, les deux fils de la famille décident de venir à Paris, là ou la communauté juive est la mieux implantée. Ils vont côtoyer les Rotschild, les Pereire ... C'est une période ou de nombreux juifs essayent de s'intégrer en cherchant à effacer leur judaïté. Ils se convertissent, change de prénom (Jacob en Jacques ..) et de nom. Ce n'est pas le cas des Camondo qui restent fidèle à leur religion malgré la montée d'un antisémitisme violent (confère l'affaire Dreyfus).
Et voilà le dernier des Camondo, Moïse. Né en 1860, le but de sa vie est de poursuivre la dynastie. Un mariage raté mais deux enfants, un fils et une fille, lui permette de croire que ce but pourra être atteint. Mais les guerres vont passer par là : celle de 14-18 qui lui prendra son fils, celle de 39-45 ou seront déportés le reste de sa famille.
Moïse avait aussi une passion pour le XVIIIe siècle : il va faire construire un hôtel particulier le long du parc Monceau dans l'optique d'en faire un écrin pour sa collection de mobilier et d'objets d'art de cette époque. Après la mort de son fils, il décide de léguer à sa propre mort son hôtel meublé à l'Etat. Ainsi il pourra laisser une trace de cette famille dont le nom s'éteindra avec lui.
Un livre très intéressant par son aspect historique reprenant l'exil de la communauté juive, de l'inquisition Espagnole au génocide nazi en passant par les palais de Constantinople et l'antisemitisme violent du début du XVIIe siècle. On y suit aussi la vie des Camondo et la tristesse de Moïse, dernier de la lignée.
Malheureusement, j'ai trouvé le style un peu "lourd". On sent que Pierre Assouline a effectué énormément de recherche et qu'il souhaite nous les faire partager. Du coup l'histoire de la famille est souvent perdue dans des anecdotes concernant d'autres familles, qui nous permettent de bien comprendre le milieu, mais qui sont assez répétitives et qui lassent. J'aurais aimé plus de détails sur la famille même, la façon dont Moïse a constitué sa collection, ses relations avec ses enfants ....
Enfin, si vous passez par Paris, je vous conseille la visite de cet hôtel particulier ou, selon les volontés testamentaires de Moïse, tout est resté en l'état.