Billie, de Gavalda Anna
parution 10/2013 - 222 p
Livre de la rentrée - 8ème lu (dont 2 jeunesses) - challenge 1% Hérisson
La couverture que je trouve particulièrement nulle (on a l'impression d'une couverture de livre pour enfant "mon petit poney à la campagne") et la critique férocement négative de mon quotidien régional ne m’entraînait pas à lire ce livre.
Et puis ... un déjeuner chez une copine ... "qu'est ce que tu as lu de bien dernièrement", "ah, le dernier Gavalda, bien tu dis ? et tu me le prêterais ?" ... et me voici avec ce livre improbable dans les mains.
Et bien j'ai passé un très bon moment de lecture.
C'est une histoire d'amitié, de rencontre. L'histoire de deux destins perdus qui s'allient pour tenir, pour vivre.
Billie, qui a été élevée dans un camps de gitan dans le quart monde a eu une enfance sans amour et avec quelques coups. Elle vit sur la défensive, cherche à se faire des amies mais est rejetée pour ses origines et son odeur ...
Franck est entouré par une mère dépressive et un père chômeur que tout énerve. Dès l'âge de 8 ans, il se rend compte qu'il est plus attiré par les garçons que par les filles. Son allure efféminée l'éloigne de ses camarades.
Billie et Franck vont se rencontrer en fin de troisième, à l'occasion d'une scène de théâtre qu'ils doivent répéter (j'ai adoré ces descriptions). Leurs différences vont les rapprocher. Ils se découvrent une sensibilité à fleur de peau, le courage de vivre malgré tout. "Deux jeunes dans la débrouille, rien de bien original" mais une émotion palpable.
C'est Billie qui parle. Elle a un langage parlé, assez cru et brut, mais je n'ai pas été gênée parce que je trouve que ça va tout à fait avec le personnage et qu'au contraire ça donne vie au récit (c'était une des critiques négatives lues). Une Billie qui n'avait pas d'avenir et qui prend pour béquille un Franck qui n'es pas très solide non plus. Mais ils tiennent ensemble. Deux ados cabossés qui trouvent leur force dans leur amitié. En même temps on ne tombe pas dans le "pathos".
L'originalité, c'est que Billie raconte son histoire à une étoile dans le ciel, une étoile qui la guide alors qu'elle se trouve avec Franck blessés au fond d'un ravin. Comment en sont-ils arrivés là ? C'est toute l'histoire du roman.
Bref, un très bon moment de lecture, très loin des critiques hyper négatives que j'avais lues (bon, il faut faire abstraction de la couverture niaise). Mais si le langage parlé vous heurte, si deux gros mots à la suite vous font lever les yeux au ciel, alors passez votre chemin.
Hélène n'a pas du tout aimé, Hannibal a beaucoup aimé ...
Extrait : "Et ben, c'était ça, les petites claques et les petits bleus que je me récoltais non-stop depuis que j'étais gamine... Ça m'envoyait pas dans les faits divers ou dans les dossiers des assistantes cassos, mais ça m'avait perforé la tête. Et c'était pour ça que j'étais si peureuse : n'importe quel petit courant d'air me passait au travers et m'envoyait direct dinguer dans les choux. Et Franck, à ce moment-là, il n'était pas assez solide non plus pour me colmater comme il faut. Donc, on était très précautionneux l'un avec l'autre. On s'appréciait, mais on ne se collait pas de trop pour éviter de se porter encore plus la poisse.
Mais ça allait parce que tout ça, encore une fois, on le savait.
On savait qu'entre nous, ce n'était pas du mépris ou de l'indifférence, mais de la précaution et qu'on ne pouvait plus se le montrer, mais qu'on était toujours amis."