promesse de l'aube

Lecture commune dans le cadre du blogoclub de Sylire et Lisa. Le thème était "l'amour maternel".

Romain Gary revient dans cet ouvrage sur son enfance, son adolescence et le début de sa vie d'adulte. Une période entourée par l'amour inconditionnel que lui a porté sa mère. Celle-ci élève seul son fils, né à Vilnius en 1914. Son fils est sa seule raison de vivre et elle est persuadée qu'il deviendra un grand homme. Après avoir échoué dans le chant, la musique et le théâtre, elle décide qu'il sera écrivain et ambassadeur de France. Elle lui apprend le maintien, les bonnes manières, la danse de salon ... tout cela pour servir son ambition démesurée. Cette vision grandiose de l'avenir de son fils, elle la partage avec tous les voisins, commerçants, professeurs ... Pour que son fils ne manque jamais de rien et puisse émigrer en France, elle fait plein de "petits boulots" : "Elle eut des vitrines d'articles de luxe dans les hôtels, agit comme intermédiaire dans la vente d'appartements et de terrains, eut une participation dans un taxi, détint vingt-cinq pour cent dans un camion faisant livraison de graines aux éleveurs des poulets de la région, prit un appartement plus grand dont elle sous-loua deux chambres, s'occupa d'une affaire de tricotage ... bref, m'entoura de tous les soins." 

C'est une femme sans retenue, exubérante et impulsive. Elle manque de mesure, a des sautes d'humeur, un goût du drame très prononcé. Mais par dessus tout, elle va étouffer son fils sous son amour et ses rêves de grandeur.

Lui est admiratif, trouve un réconfort dans l'amour de sa mère qui lui renvoi une image de prince. Cette éducation aura pour conséquence un rapport aux femmes assez faussé, l'auteur cherchant une "bouée" féminine vulnérable et dévouée, soumise et reconnaissante.

Romain Gary nous délivre cette autobiographie avec ironie et humour, mais aussi beaucoup d'amour. C'est émouvant, incroyable, étonnant, merveilleux, écoeurant.

Quelques petites longueurs, mais un texte fort et instructif.

Extrait : " Je n'entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j'entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j'allais livrer pour elle, à la promesse que je m'étais faite, à l'aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j'avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté."