Nouons-nous, de Pagano Emmanuelle
Depuis le temps que ce livre est sur ma LAL, le voici enfin libre à la bibliothèque.
Comme d'habitude, je ne lis pas la quatrième de couverture ou un résumé et je me plonge dans ce roman. Or justement, je me rends compte assez rapidement qu'il ne s'agit pas d'un roman mais plutôt d'un jeu d'écriture sur l'amour. Des petits paragraphes se suivent, parfois même juste une ligne : les rencontres, les déchirements, le quotidien, les petits gestes, les odeurs, les respirations ... mais jamais de lassitude ou d'ennui. Que ce soit positif ou négatif l'amour est vécu pleinement.
Des fragments de vie et d'amour portés par une très belle écriture poétique. Des extraits beaux et profonds. Une volée de mots lumineux et limpides.
Mais j'ai été un peu déboussolée par cette présentation. En fait il faut mieux le prendre comme livre de chevet et en lire de temps en temps quelques pages plutôt que de tout lire d'une traite. C'est pourtant ce que j'ai fait et du coup je me suis lassée et je n'ai pas fini le livre. J'aurais aimé au moins retrouver certains personnages, les suivre dans leurs histoires, voir comment leur amour évoluait. Ce manque de continuité m'a dérangé, la forme répétitive m'a lassée malgré la finesse de la plume.
La découverte d'une très belle auteure dont je poursuivrais sûrement la découverte à travers ses romans.
Un coup de coeur pour Clara et Antigone.
Extrait : "Je suis allée à la clinique pour attacher son âme et la ramener à la maison. J'avais pris du fil pour la guider. Une grosse pelote de fil long, solide. Je me suis approchée de lui, je l'ai caressé une dernière fois, j'ai posé ma bouche sur ses paupières déjà froides, puis j'ai pris son poignet pour y nouer le fil, comme j'avais vu faire ma grand-mère au poignet de mon grand-père à l'hôpital du pays. Depuis ce bracelet, j'ai déroulé la pelote dans la chambre, dans les couloirs de la clinique, jusqu'à la cour où un taxi m'attendait. Je me moquais des regards et des questions. J'ai tenu le fil à travers la vitre baissée de la voiture, tout le long du trajet il m'a suivie sur la route. Je lui parlais, je lui disais de m'accompagner, de revenir à la maison. Je demandais au chauffeur de rouler tout doucement pour que le fil ne casse pas. Je suis descendue sans lâcher la pelote, elle était presque finie, je suis entrée dans la maison, j'ai continué à la dévider jusqu'à la chambre, jusqu'au lit. J'ai couché la fin du fil dans nos draps."