Le dernier gardien d'Ellis Island, de Josse Gaëlle
Parution 09/2014 - 166 p.
J'avais hâte de lire ce livre pour trois raisons : parce que il y a des bons avis sur la blogosphère, parce que j'aime les romans avec un point historique, et parce que j'avais été un peu frustrée de ne pas pouvoir visiter Ellis Island il y a deux ans lors de mon voyage aux Etats-Unis (fermée à la suite de l'ouragan Sandy).
J'ai été surprise par ce livre. Je crois que j'attendais quelque chose de plus historique, de plus documenté. Plus d'histoires sur les migrants, sur leurs passages à Ellis Island, le protocole, la vie dans les dortoirs, les espoirs, l'attente et la peur, la tour de Babel de cette île qui a reçu des gens de tous horizons...
Là on est en 1954 et on suit les derniers jours sur l'île de John Mitchell, directeur du centre depuis quarante cinq ans. Il est seul et attend que les autorités viennent le chercher pour fermer. Il en profite pour se remémorer sa vie dans le centre, sa rencontre avec Nella une immigrante sarde perdue, son amour pour sa femme, ses relations avec l'exterieur.
Même si j'ai été un peu déçue par l'histoire, j'ai beaucoup aimé l'écriture de Gaëlle Josse. Elle sait décrire des ambiances, l'angoisse de l'exil, l'espoir de liberté. Un très beau livre que je n'ai sans doute pas apprécié à sa juste valeur.
J'ai par contre été très émue par les photos que l'on trouve sur le site créé par l'auteure pour un beau prolongement de lecture.
Extrait : "Pendant quarante-cinq années - j'ai eu le temps de les compter-, j'ai vu passer ces hommes, ces femmes, ces enfants dignes et égarés dans leurs vêtements les plus convenables, dans leur sueur, leur fatigue, leurs regards perdus, essayant de comprendre une langue dont ils ne savaient pas un mot, avec leurs rêves posés là au milieu de leurs bagages. Des malles, des cantines, des paniers, des valises, des sacs, des tapis, des couvertures, et à l'interieur tout ce qui reste d'une vie d'avant, celle qu'ils ont quittée, et qu'ils doivent, pour ne pas l'oublier, garder dans un lieu fermé au plus profond de leur coeur afin de ne pas céder au déchirement des séparations, à la douleur de se souvenir des visages qu'ils ne reverront jamais. Il faut avancer, s'adapter à une autre vie, à une autre langue, à d'autres gestes, à d'autres habitudes, à d'autres nourritures, à un autre climat. Apprendre, apprendre vite et ne pas se retourner."