on regrettera plus tardparution 03/2016- 310 p.

Un soir d'orage, Valentine qui vit seul dans sa maison d'un village du Bas-Rhin, entend frapper à sa porte. Elle va ouvrir sur un homme et une fillette dévorée par la fièvre. Ce drôle de tandem sillonne les routes de France dans une roulotte tirée par deux chevaux. Pourquoi ? Comment ? Quels sont les conséquences pour la fillette ? C'est ce que va essayer de comprendre Valentine.

En parallèle, on suit l'histoire de Suzanne, arrêtée et torturée par les allemands pendant la seconde guerre mondiale alors qu'elle est enceinte.

L'histoire est en fait à trois voix :

- celle de Valentine

- celle d'Eric, l'homme et papa qui parcourt les routes en roulotte

- celle de Suzanne

J'ai été happée par l'histoire de Suzanne, ayant presque envie de sauter des chapitres pour continuer son histoire, savoir si elle et son bébé s'en sortait, comment ...

J'ai beaucoup aimé les chapitres où Eric prenait la parole. Sa délicatesse, ses questionnements, son amour pour sa fille, son histoire, ses peurs.

Par contre j'ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Valentine. Je l'ai trouvé bourrée de certitudes qu'elle assène à son collègue ou à l'homme qu'elle a recueilli en étant sûr de détenir la vérité. Elle est par exemple persuadée que les besoins de base d'une fillette sont de pouvoir prendre un bain et d'aller à l'école (il faut dire qu'elle est instit) alors que la petite est épanouie et a presque deux ans d'avance dans les apprentissages. Et tout est comme ça. Elle exige de connaître l'histoire de cet homme, lui donne des leçons d'existence, le met face au fait accompli ... Bref, elle m'a énervée ! 

Au delà de ces trois personnages, j'ai beaucoup aimé la jeune Anne-Nina qui prend la vie comme elle vient avec moins de questionnements que les adultes, et le voisin Gustave, vieil homme protecteur.

Le message principal de ce roman est de ne pas vivre dans le passé mais de profiter avant tout du présent. Une histoire touchante et facile à lire , parfois un peu trop naïve pour moi, et qui m'aurait sans doute plus plu si je n'avais pas ressenti tant d'antipathie pour le personnage de Valentine ! 

Extrait : "Va-t-elle entrer dans le moule ? Moi qui ai voulu lui donner une éducation ouverte et libre, qui la rende indépendante. Ma fille, vingt-deux kilos toute mouillée, rayonne suffisamment pour remplir de lumière le Stade de France à elle seule, et on va lui demander de s'asseoir sur une petite chaise, dans une petite classe, au milieu d'une vingtaine d'autres enfants. Sans dépasser.

J'ai l'impression que Valentine a toujours quelque chose à faire, à ranger, à dire. Et que si elle s'arrête, tout s'arrête, y compris son coeur de battre, comme un moulin qui cesserait de tourner parce qu'on a coupé l'eau. Moi, je ressens l'inverse. C'est quand ça va trop vite dans notre vie que le mien manque s'arrêter.

Apprendre la lenteur n'est pas donné à tout le monde. "

Merci aux éditions Albin Michel pour cet envoi.