J'aime beaucoup cet auteur (La maladie de Sachs, le Choeur des femmes), et j'avais hâte de découvrir son nouveau roman.
1961. Quand Franz, huit ans, se réveille du coma où un "accident" l'avait plongé, il ne se rappelle de rien. Ni de son père, Abraham, penché au dessus de lui, ni de sa mère disparue, ni de son pays l'Algérie. Et rien non plus sur l'accident.
Mais dès qu'il peut sortir de l'hôpital, son père et lui quitte le pays pour partir aux États-Unis. Devant l'impossibilité d'exercer son métier de médecin, Abraham émigre en France et s'installe dans la petite ville de Tilliers-en-Beauce pour reprendre une clientèle. Très rapidement, sa gentillesse et son dévouement vont attirer chez lui de nombreux patients.
Franz va à l'école, a des copains, lit énormément d'illustrés. Il est heureux avec son père dans la grande maison qu'ils ont récupéré de l'ancien médecin, mais impossible de parler avec lui de "avant l'accident" et de sa mère dont il ne connaît même pas le prénom.
Un secret difficile à connaître et à comprendre, et qui va faire écho à une autre histoire qui s'est passée il y a plus de vingt ans à Tilliers.
Un roman chorale où prennent la parole tour à tour Franz, Abraham et un témoin extérieur.
Une très belle écriture fluide et douce qui parle d'amour paternel et filial, de douleur et de joie, de rencontres. Deux secrets, celui de "l'accident" ayant provoqué le coma de Franz, et un autre lié à la maison où ils se sont installés à Tilliers-en-Beauce permettent de mettre un peu de piment dans l'histoire. Mais à la rigueur on n'en n'a pas besoin, tant l'histoire seule, le quotidien, la douceur de la vie et ses questionnements suffit.
On retrouve dans Abraham la même bienveillance que dans les personnages / médecins des autres ouvrages de l'auteur. Il y a une harmonie, des valeurs positives ... que c'est agréable, que ça fait du bien !
Juste un petit bémol sur la fin et la résolution de l'énigme de la maison que j'ai trouvé un peu rapide.
Mais j'ai hâte de lire la suite annoncée.
Extrait : "A présent je crois que je sais. Si je ne dis rien, c’est parce que je suis trop occupé à regarder, à écouter et à essayer de comprendre ce que l’on m’a dit. Tout le monde a des histoires à raconter. Et moi, je veux comprendre toute l’histoire, alors j’écoute jusqu’au bout. Et une fois que c’est fini, je repasse l’histoire dans ma tête. Les mots ou les moments que j’ai le plus aimés.
Et je regarde ceux qui racontent. Leurs yeux, leur bouche, leur visage, leurs mains. Je les regarde parce que souvent leur corps dit autre chose que leurs mots. Ils disent oui en secouant la tête, ou parlent en regardant de l’autre côté. C’est comme s’ils racontaient deux histoires en même temps. Et souvent, je passe du temps à me demander si les deux histoires vont bien ensemble