Maryam a six ans quand elle quitte l'Iran avec sa mère pour rejoindre son père réfugié politique en France. Nous sommes en 1986 et les parents de Myriam, communistes, doivent fuir leur pays. Arrive le moment de l'exil, d'une nouvelle culture, l'éloignement de sa famille, le rejet du persan avant, au contraire, de revenir à sa culture d'origine.
On suit d'abord Maryam dans son enfance persane avec des parents communistes qui l'oblige à donner ses jouets et à ne rien garder pour elle. Un oncle en prison, des réunions clandestines, le risque quotidien, et puis cette vie en France. La honte de ses parents qui parlent mal le français, la honte d'habiter dans une pièce minuscule, la difficulté de s'enraciner à un endroit quand on a deux cultures.
L'auteure revient sur tous ces souvenirs avec une écriture poétique et riche. De la tendresse, de l'humour, beaucoup de sensibilité dans ce texte ou Maryam arrive à se réconcilier avec elle-même. La construction n'est pas chronologique, l'auteure alternant différentes périodes de sa vie, mais ça reste fluide.
Une belle leçon sur l'exil et contre les préjugés de la double culture.
Extrait : "Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n'ont pas pu l'être."
"Tu sais ce que ça fait d'être nulle part chez soi ? En France, on me dit que je suis iranienne. En Iran, on me dit que je suis française. Tu la veux ma double culture ? Je te la donne, va vivre avec et tu viendras me dire si c'est une "belle richesse" ou pas.