Marceline à 16 ans en 44 quand elle est déportée à Auschwitz pendant que son père est envoyé en face, à Birkenau. Tenir, survivre et espérer qu'il en est de même pour son père.
De retour au Lutetia, il n'est pas là. Remplumée elle retrouve sa mère, ses quatre frères et sœurs dans le sud, mais l'absence de son père est criante. D'autant plus que les autres n'ont pas vécus la déportation. "Personne ne voulait de mes souvenirs. Nous n'avions pas les mêmes, nous aurions dû les additionner, mais ils nous ont éloignés. ". Il faut oublier, te marier, continuer à vivre et ne plus ressasser lui dit sa mère, mais comment oublier les odeurs, la violence, les images. Et alors que la survie dans le camps était un devoir, la vie de liberté qui suit après n'a plus de goût, au point de vouloir l'arrêter. "La guerre terminée nous rongeait tous de l'intérieur". Et c'est tout une famille qui dépérit.
Marceline va s'engager dans les combats d'indépendance : Algérie, Vietnam avec la volonté de changer les rapports entre les hommes.
Une longue lettre à son père dont elle ne s'est jamais remise de la disparition. Une lettre sur la vie après. Les choix et les combats, le désespoir et la vie malgré tout.
A l'heure de la résurgence d'acte antisémite, c'est un récit court qui permet de ne pas oublier, une douleur intacte après toutes ces années.
Extraits : "Survivre vous rend insupportable les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
"Il m'a fallu bien des rencontres pour m'accommoder à l'existence, à moi-même. Et du temps pour aimer."