Rentrée littéraire 2018
Comment faire pour enlever dans les yeux et la tête de son petit frère la violence et l'horreur qui s'y sont incrustés après un accident ? Ce n'est pas sa mère, qu'elle qualifie d'amibe, qui va l'aider, et encore moins son père, un chasseur de trophées, un mari maltraitant, un père inexistant. Alors la narratrice décide de se plonger dans les études de physique pour apprendre à remonter le temps, revenir avant l'accident, seul moyen de sauver son frère. Mais la vraie vie n'est pas aussi facile.
Un bon premier roman qui met un peu de temps à se mettre en place mais qui monte en puissance.
Le fait que la narratrice soit jeune donne une écriture un peu simple et facile, bien que les sentiments exprimés puissent être complexes. On est parfois proche de la littérature jeunesse dans quelques chapitres (le lien avec Monica, le labyrinthe des voitures) mais par contre d'autres chapitres sont dans un univers plus sauvage et violent.
On suit donc la narratrice, une enfant qui grandit trop vite dans un environnement assez cruel. Les personnages "secondaires" sont aussi très bien campés et apportent un peu de lumière dans cet apprentissage de la vie compliqué.
Des personnages très attachants, une tension qui monte à chaque chapitre, et on croise les doigts pour que cette guerrière gagne son combat. Une auteure à suivre.
Extrait : "Chez nous, les repas familiaux ressemblaient à une punition, un grand verre de pisse qu'on devait boire quotidiennement. Chaque soirée se déroulait selon un rituel qui confinait au sacré. Mon père regardait le journal télévisé, en expliquant chaque sujet à ma mère, partant du principe qu'elle n'était pas capable de comprendre la moindre information sans son éclairage. C'était important le journal télévisé pour mon père. Commenter l'actualité lui donnait l'impression d'avoir un rôle à y jouer. Comme si le monde attendait ses réflexions pour évoluer dans le bon sens. Quand le générique de fin retentissait, ma mère criait : « À table ! »"