Femme à la mobylette, de Jean-Luc Seigle
Reine élève seule ses trois enfants depuis le départ de son mari trois ans auparavant. C'est aussi le moment ou elle a perdu son travail. En fin de droit, la voilà au seuil de la pauvreté, obligée de quémander pour la cantine des enfants. Avec en plus le père des enfants qui a refait sa vie et qui veut les récupérer, la coupe est pleine.
Après avoir envisagé l'inimaginable, Reine se reprend et, grâce à une mobylette trouvée dans le bric à brac de sa cour, va essayer de redémarrer une autre vie. Elle rêve qu'elle va s'en sortir, voit le bout du tunnel, goûte à un nouvel amour, trouve un travail qui lui correspond ... mais la vie n'est pas faite pour les rêveurs, et les méandres de l'administration sont souvent les plus forts.
Une très belle et émouvante fresque d'une femme seule avec ses démons, qui est prête à tout pour ses enfants. Une femme fragile et forte, qui fait partie d'une lignée de femmes qui ont eu comme combat quotidien leur survie. Une réflexion sous-jacente sur notre univers de consommation où le travail des mains est peu valorisé.
Un point bonus pour les scènes de début et de la fin qui sont magistrales.
Extrait : "ll aime les points de force de sa mère , son courage, sa vivacité, son acharnement à vouloir transformer la réalité avec ses
tissanderies, sa propension aussi à l'émerveillement tout en sachant que son comportement volontariste, cette violence qu'elle se fait subir à elle-même pour être à la hauteur, n'ont pour socle que son extrême fragilité."