rivière tremblante

Deux enfants qui disparaissent à des kilomètres et des années d'écarts, mais le même désespoir pour les parents et les proches. Comment continuer à vivre avec ce poids, ce doute, cette douleur ?

Nous passons de l'un à l'autre, de Bill, père éploré de la jeune Billie disparue entre son école et son cours de danse un soir d'hiver ; et de Marnie qui avait onze ans quand son meilleur ami, Michael, a disparu lors d'un après-midi d'orage d'été où ils étaient allé tous les deux nager dans une poche d'eau.

L'écriture est poétique, douce, et permet du coup de vivre avec eux leurs souffrances sans que cela soit plombant. Les mots et expressions québecoises qui parsèment le roman donnent encore plus une impression de fausse légèreté. Un parallèle se fait entre les deux affaires, non par le coupable mais par le cheminement vers l'après, jusqu'à ce que les histoires se croisent.

Plus qu'un roman policier, j'y ai vu un roman d'ambiance, un roman psychologique. Il peut y avoir une déception si on attend un « vrai » roman policier comme le laisse imaginer le titre et la couverture, car à part le froid de l'hiver québecois, il n'y a de glaçant et tremblant que la douleur des familles.

Un bon livre finement écrit malgré quelques longueurs.

Extrait : « Ce n'est qu'à ce moment que j'ai enfin senti la chaleur des larmes sur ma peau, le doux soulagement que cette chaleur procure à la tension des muscles. Pleurer n'atténue en rien la souffrance, mais ça lui donne le droit de se laisser aller un peu, de se répandre en petites rigoles salées sur la peau froide, pendant que le cerveau de métal enserrant le plexus solaire se relâche d'un cran ou deux. Les quelques larmes qui ont franchi la barrière de ma colère ont donné du lest à ma douleur et je me suis assis sur le trottoir glacé, sous la lumière du gyrophare, d'où j'ai montré la photo de Billie au policier d'à peine trente ans qui se tenait devant moi, une main sur sa matraque et l'autre tendue vers la photo que je refusais de lâcher. »