Gentleman a Moscou

Nous allons suivre la vie du comte Alexandre Illitch Rostov, qui va être assigné à résidence de 1920 à 1954. Or cette résidence se trouve être une petite chambre sous les combles dans le très select hôtel Metropol à Moscou, situé sur la place du Théâtre, tout près du Bolchoï et du Kremlin.

Le prince, élevé dans l'aristocratie russe de l'avant révolution, va s'adapter à cette prison dorée en nouant des amitiés, en côtoyant des diplomates de passage, des actrices ou les membres du Politburo. Ainsi, tout en étant enfermé, il va se tenir informé des changements politiques et culturels de la Russie.

Une rencontre va particulièrement le marquer : celle avec une petite fille de 9 ans, Nina, qui vit avec sa gouvernante dans l'hôtel.

Je qualifierai ce roman de livre d'ambiance mêlé à une trame historique. Enfermé dans cet hôtel, le lecteur suit tranquillement les soubresauts de la vie Moscovite. Un moyen de suivre l'histoire de la Russie avec le regard extérieur d'un russe. Comme le comte, l'écriture et emprunte de finesse et de savoir vivre. C'est très bien écrit. Au départ j'ai eu peur de m'ennuyer, enfermée pendant 500 pages dans un hôtel, mais finalement il y a plein de vie et des tas de choses à faire dans ce lieu. Le compte regarde, observe, écoute, et finalement se trouve presque privilégié d'être enfermé dans cet hôtel de luxe. Bon, je dois avouer quelques longueurs mais rien qui n'a empêché mon plaisir de lecture. Quel raffinement, quel homme ! 

Extrait : "Après tout, nos premières impressions, que nous apprennent-elles d'une personne aperçue une minute dans un hall d'hôtel ? J'irais plus loin : nos premières impressions nous apprennent-elles quelque chose ? Réponse : pas plus que ce qu'un accord nous apprend de Beethoven, ou un coup de pinceau de Botticelli. De par leur nature même, les êtres humains sont tellement capricieux, complexes et délicieusement contradictoires qu'ils méritent non seulement un examen de notre part, mais également un réexamen - ainsi que notre engagement ferme à réserver notre opinion tant que nous n'avons pas eu affaire à eux à des endroits et des moments aussi divers que possibles."