Portraits de femmes et d'hommes qui vivent dans la réserve innue de Uashat.
Dans ce village situé au Nord du Québec dans une baie le long du Saint Laurent, il neige six mois par an. C''est devenu une réserve depuis que les blancs ont construits des riches villas le long de la baie.
Ces différents portraits romancés parlent de la quête d'identité de ces premiers peuples.
Alors, bien sûr, il y a tout le côté négatif lié à la colonisation :
- les hommes qui se prennent leur première cuite à 12 ans suivi de la drogue. Le foie est détruit à 20 ans.
- les femmes sont mères à quinze ans et veuves à trente.
- la religion, mélange de croyances et de foi Baptiste.
- la fuite comme seul moyen de se construire. Quitter la réserve, la misère, la famille et la destruction "pour être survivant de son propre corps".
Et il y a eu l'enlèvement des enfants indiens en vue d'une assimilation "pour donner un sens à leur intelligence" qui a profondément marqué toute une génération d'hommes et de femmes qui ont perdu leur identité.
Mais il y a aussi aujourd'hui de l'espoir :
- un nouveau cheminement vers la tradition, avec la fierté d'être Inue,
- l'envie de perpétuer les traditions,
- la ténacité face aux blancs qui grignotent le territoire,
- une reconnaissance de l'apport qu'on eu les peuples premiers dans la culture canadienne ou québécoise.
Les phrases sont très courtes, très rythmées, les histoires émouvantes. Cette lecture s'est faite en même temps que la visite du musée canadien de l'histoire à Ottawa, avec un étage consacré aux premiers peuples. Le texte était donc tout à fait en concordance avec mon voyage. Plus qu'un roman, c'est une succession d'histoires, de portraits. Le seul bémol est qu'il n'y avait pas de notification quand on passait d'une histoire à l'autre, ce qui m'a perdu parfois.
Extrait : "Nutshimit, pour l’homme confus, la paix. Cette paix intérieure qu’il recherche désespérément. Ce silence après avoir hurlé, des nuits durant, son angoisse sans que personne ne l’entende. Le silence d’un vent qui fait bruisser les aiguilles de sapins. Le silence d’une perdrix qui déambule aux côtés d’une dizaine d’autres. Le silence du ruisseau qui continue de suivre sa route, enfoui sous un mètre de neige."