Kililana song, de Benjamin Flao
Naïm a 11 ans et préfère arpenter les rues de Lamu et gagner quelques pièces en livrant du qat à un vieil homme handicapé plutôt qu'aller à l'école coranique où son maître le bat. Son frère lui court après toute la journée pour le ramener à la madrass, il est donc obligé de se cacher. Profitant d'un voyage en bateau, il va se retrouver à Kililana où un vieil homme, dépositaire de la mémoire de Liongo Fumo, un chef guerrier swahili, l'embarque dans son exil.
On croise aussi dans ce coin du Kenya des touristes crédules, des expat' qui construisent des villas, complexes hôteliers et terminal pétrolier sans prendre en compte la nature, une tantine pleine d'amour, des prostituées et des trafiquants de qat et et de drogue. On y parle aussi croyance et djinn.
On s'attache à ce jeune garçon épris de liberté, à ce vieillard gardien de la mémoire des ancêtres, à cette tantine pleine d'amour et même à ces jeunes femmes qui gagnent leurs vies avec leurs corps.
Mais au-delà du conte et de l'histoire, apparaît une réflexion sur l’irruption destructrice des promoteurs, des blancs et de la modernité.
Les dessins à l'aquarelle sont superbes. Les traits qui se rapprochent d'un carnet de voyage rendent bien la chaleur des ruelles, la beauté des paysages et l'humanité des personnages.
En deux tomes (je n'ai pour l'instant que le premier), cette bande dessinée est mon premier coup de coeur de la rentrée.
Authentique et dépaysant.
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