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le blog des fanas de livres
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18 janvier 2019

Salina les trois exils, de Laurent Gaudé

salina

Je suis une inconditionnelle de Laurent Gaudé et j'avais donc demandé ce dernier roman au père-noël. J'ai eu une pointe d'appréhension quand j'ai commencé cette lecture : j'attends tellement de l'auteur que je risque d'être déçue. Et bien il n'en n'a rien été et c'est encore un grand coup de coeur qui vient ponctuer cette lecture.

Car c'est un de ces livres, vous savez, où vous faites exprès de le lire lentement, de le savourer pour être sûre de ne pas le terminer trop vite. De ces phrases que vous relisez avec plaisir pour en sentir le rythme dans la tête, les sonorités sur la langue. De ces histoires qui vous transporte dans un autre monde, qui vous envoûte. L'impression d'être en Afrique sous un arbre de vie avec un ancien qui vous raconte une légende et que vous écoutez bouche-bée.

Un nourrisson est déposé par un cavalier mystérieux devant le village de Sissoko Djimba. Il reste longtemps à pleurer sous la chaleur du désert avant que Mamambala ne l'adopte et la prénomme  "par le sel de ces larmes dont tu as couvert la terre, je t'appelle Salina ".

Salina grandit dans l'amour de cette mère adoptive, mais l'intégration n'est pas acceptée par tous et sa vie sera faite de souffrance, d'exil et de vengeance. 

Tout cela est conté par son fils, Malaka, qui cherche une sépulture digne pour sa mère. Un récit fait de poussière du désert, du sang de la vengeance, du sel des larmes, de la fraîcheur de la rosée. On marche dans les pas du conteur pour suivre cette femme de douleur qui porte la haine dans son coeur.

Et dans ce conte on retrouve la force d'évocation de l'auteur et des phrases ciselées et limpides où coulent la pureté des tragédies antiques.

Extraits :

"Au tout début de sa vie, dans ces jours d’origine où la matière est encore indistincte, où tout n’est que chair, bruits sourds, pulsations, veines qui battent et souffle qui cherche son chemin, dans ces heures où la vie n’est pas encore sûre, où tout peut renoncer et s’éteindre, il y a ce cri si lointain, si étrange que l’on pourrait croire que la montagne gémit, lassée de sa propre immobilité. Les femmes lèvent la tête et se figent, inquiètes. Elles hésitent, ne sont pas certaines d’avoir bien entendu, et pourtant cela recommence : au loin, vers la montagne Tadma, que l’on ne franchit pas, un bébé pleure. Est-ce qu’elles sentent, les femmes du clan Djimba, à cet instant, tout ce que contient ce cri ? Le sang qu’il porte en lui ? Les convulsions, les corps meurtris, les bannissements et la rage ? Est-ce qu’elles sentent que quelque chose commence avec ce tout petit cri à peine identifiable, quelque chose qui ne va pas cesser de grandir jusqu’à tout renverser ?"

"Ils sont deux, à nouveau, sur des terres immenses, la mère et le fils, vivant au même rythme, allant au même pas, se tenant éloignés avec prudence de la compagnie des hommes. Lui s’emplit avec bonheur de cet air épais. Il lui semble retrouver le silence dont il est né. Les journées sont vastes et n’ont besoin d’aucun mot. Ils sont chez eux dans des déserts inhospitaliers de pierres qui emprisonnent la chaleur et amplifient les sons. Elle lui a appris à faire d’un arbuste un campement. Elle lui a enseigné le tracé des sources, l’eau qui court sous les dunes. Ils savent décrypter les intentions du ciel et les colères du vent. La vie n’est faite que de cueillettes, de petites chasses, d’heures à compter les étoiles ou à écouter ses récits. Aujourd’hui, il retrouve le visage de pierre de sa mère, sa façon têtue de marcher, et il lui semble que quelque chose est immuable dans ces paysages de cailloux."

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Commentaires
A
Oh comme c'est bien quand un auteur ne déçoit pas et qu'il est exactement là où on l'attendait. Merci pour ce coup de coeur !
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D
Bonsoir Gambadou, je n'ai encore rien lu de Laurent Gaudé (je sais, j'ai des lacunes...) mais en revanche, j'ai une de mes fidèles blogueuses, Noëlle qui a beaucoup apprécié ce roman http://nono.hautetfort.com/archive/2019/01/16/salina-6121315.html Bonne soirée.
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D
Bonsoir Gambadou, je n'ai jamais lu de roman de Laurent Gaudé (je sais que j'ai des lacunes...), mais en revanche, tu es la deuxième personne à écrire du bien sur ce livre. Noelle (une de mes blogueuse fidèle) l'a beaucoup apprécié. http://nono.hautetfort.com/archive/2019/01/16/salina-6121315.html Bonne soirée.
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C
Ceci me rappelle que je n'ai jamais lu Gaudé... hm hm...
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J
Quel écrivain ce Gaudé !
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M
Cette fois je note !
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S
J'ai bien l'intention de le lire. Laurent Gaudé fait partie des auteurs dont je ne manque aucune sortie.
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A
Je suis très étonnée : tu es le premier avis que je lis sur ce roman. Un auteur phare, pourtant.
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