Les Bourgeois, d'Alice Ferney
Un livre qui était sur ma PAL depuis fort longtemps.
Alice Ferney va nos faire suivre la vie de la famille Bourgeois sur près d'un siècle, de la naissance du patriarche en 1919 jusqu'à nos jours.
Le patriarche, Henri, qui aura dix enfants. Un homme droit, catholique et aisé. Plus qu'une saga familiale, ce livre permet de suivre les évènements historiques qui ont parsemé ce siècle, avec les deux guerres mondiales, celles d'Indochine et d'Algérie, mais aussi l'arrivée des voitures ou du cinéma. Il y aura aussi les évolutions sociales, mais elles touchent peu cette famille un peu hors du temps. Les filles se marient en blanc dès que possible, les hommes travaillent dans l'armée, la médecine, le droit ou les affaires, les femmes sont à la maison et s'occupent de leurs nombreuses progénitures. Une famille prospère, autant dans le nombre d'enfants que dans ses biens, mais une famille qui ne cherche pas à montrer sa richesse, qui réussit de manière classique, sans ostensibilité.
Une lecture en demi-teinte :
D'un côté j'ai été intéressée par l'évolution de cette famille nombreuses et surtout par l'analyse que l'auteure fait des différents faits historiques. Il est effectivement plus facile d'être non Pétainiste quand on connaît l'issue de la guerre. La famille d'Henri a toujours soutenu le maréchal, persuadée que l'armistice a permis d'éviter un massacre de la population. Comme beaucoup, ils ne savaient rien des rafles et camps de concentration. Idem pour la guerre d'Algérie. Certains fils étaient dans l'armée, ils ont vu l'horreur de la guerre mais aussi le terrorisme véhiculé par le FLN. Ces passages sont très intéressants. On s'attache aussi plus particulièrement à certains enfants, notamment Claude, le cancre de la fratrie, qui souffrira de ce statut.
De l'autre côté j'ai trouvé l'écriture longue comme si l'auteure s'écoutait écrire. J'avoue que j'ai fini le livre en diagonale et que j'ai sauté quelques pages.
Extrait : "Où passent les moments ? Où a disparu celui-là ? Un demi-siècle l'a recouvert. Je pense à la traversée ahurissante des fils et filles d'Henri, nés entre deux guerres, grandis au-dessus de leurs morts, triomphants. Ils ont chevauché le temps sans renâcler. Ils ont écouté, obéi, appris, brigué, aimé, combattu, déploré, souffert, festoyé, chacun son tour et tous ensemble, à dix. Ils ont assumé leur éducation et leur avenir. Ils ont porté le lourd héritage. Qui habite aujourd'hui le boulevard Emile Augier ? L'air qui les a caressés vibre-t-il de quelque chose qui leur fut propre ? Quelle empreinte demeure dont la matérialité me rassérénerait ? Il faut nous rendre à l'évidence : le passé est derrière nos yeux, notre mémoire est nécessaire.»
En tout cas, j'ai fait baisser ma PAL !