une rivière dans les arbres

J'aime quand les romans ont un fond historique, et du coup j'ai été très contente de recevoir ce livre qui revient sur l'histoire de l'indépendance de l'Irlande.

Deux époques qui se croisent à chaque chapitre.

Il y a Hannah, une jeune femme qui vit avec ses parents et frères et soeur dans une ferme d'Irlande vers 1920. Le pays est écartelé entre les indépendantistes dont font partie la famille d'Hannah, et les colons britanniques. Lorsqu'un petit groupe d'indépendantistes vient se cacher dans la ferme, la vie d'Hannah va basculer.

Il y a Ellen, lointaine descendante d'Hannah. Mariée à un anglais, malheureuse dans sa vie personnelle, elle retourne en Irlande pour racheter la ferme familiale mise en vente. Et c'est en revenant sur les terres ancestrales qu'elle a quitté à 18 ans qu'elle va faire des découvertes sur sa famille.

Deux destins, deux femmes solitaires et indépendantes qui vivent difficilement leur époque.

J'ai beaucoup aimé la vie d'Hannah, l'âpreté de la vie au début du XXème siècle dans la campagne Irlandaise, la férocité de la guerre d'indépendance mais aussi ses doutes, espoirs, envies et souffrances.

J'ai eu un peu plus de mal avec Ellen avec qui je n'ai pas ressenti d'empathie. J'ai compris ses blessures mais j'ai eu du mal avec ses malaises, ses pensées embrouillées, sa façon d'être.

Bien sûr les deux histoires vont se croiser mais nous n'avons pas toutes les réponses à la fin du livre.

Une structure assez classique, une écriture qui fait la part belle aux émotions intérieures des personnages, une Irlande rustique et indépendante, une histoire prenante (en tout cas pour Hannah).

J'ai regretté de ne pas avoir toutes les réponses à la fin du livre et qu'il n'y ait pas plus d'histoire de l'Irande dans l'histoire de ces deux femmes. Une lecture toutefois intéressante et agréable.

Extraits : "Il lui avait parlé comme si elle n'était rien - une mendiante venue frapper à la porte pour demander des restes. Elle aurait préféré qu'il la frappe, ou qu'il la saisisse par les épaules pour la secouer. Elle aurait pu lui renvoyer ses coups avec toute la colère qu'elle avait en elle. Elle du se contenter de soulever sa robe et de traverser le champ : elle marcha aussi vite qu'elle le put sans courir, mais la surface herbeuse près de la rivière était irrégulière et elle trébucha plus d'une fois. Le cheval s'avança vers elle en secouant sa bride. Elle grimpa sur son dos puis remonta en haut de la colline. Arrivée au sommet, elle se retourna pour voir Denis. Il se tenait immobile, face à la rivière. Derrière, même sous l'éclat du matin, les montagnes étaient bleu foncé.

Maintenant, tout est terminé pour moi avant d'avoir commencé. Cette pensée surgit en elle avec une telle violence qu'elle en hurla presque de frayeur."

 

"Peut-être que j'essaie de voler un peu de gloire aux anciens, ceux qui étaient là avant moi, faillit-elle lui dire. Ça me donnerait un peu de poids, de descendre de quelqu'un qui a compté pour quelque chose. Je ne veux plus avancer, je ne veux plus vieillir, devenir plus grosse ou plus fatiguée - je veux redevenir comme j'étais avant, revenir au début et tout recommencer. La meilleure partie de ma vie est derrière moi, Dorothy, et je ne suis pas encore prête à l'accepter, alors j'essaie d'élargir ma vision des choses, de voir comment je peux trouver ma place ici et donner du sens à tout ça."