Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog des fanas de livres
le blog des fanas de livres
  • Je lis pour m'évader, avancer, ressentir des émotions et des sensations, rire, vibrer, pleurer, comprendre, m'ouvrir à de nouvelles cultures, rêver, trembler... et j'ai bien envie de le partager avec vous.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
14 octobre 2020

Rivage de la colère, de Caroline Laurent

 

rivage de la colère    coeur

 

J'ai mis pas mal de temps pour lire ce livre, non parce qu'il m'ennuyait mais au contraire parce que j'étais si bien dedans que je n'avais pas envie de le terminer ( bon, et puis toutes ces soirées à regarder les matchs de Roland Garros n'ont pas aidé !).

Découverte stupéfiante que l'histoire de cet archipel de sept atolls perdu dans l'océan indien.

chagos1

Les îles sont devenus britanniques en 1814 à l'issue des guerres napoléoniennes. Les chagossiens, issus du métissage des esclaves de Madagascar, du Mozambique et des indiens, vivent chichement mais librement de pêches, trocs et travail sur les exploitations de noix de coco. Un bateau vient régulièrement de l'île Maurice apporter ce qui ne peut pas être produit sur l'île. Mais dans les années 1970, au moment de l'indépendance de l'île Maurice, la Grande-Bretagne décide de détacher l'archipel des Chagos et de mettre à disposition de Washington l'île de Diego Garcia afin d'y construire une base militaire. Les Chagossiens vont être expulsés de leur île, sans ménagement, sans explication et sans revenu ou dédommagement. Illettrés, perdus, ils vont se retrouver éparpillés dans des bidonvilles de l’Île Maurice ou des Seychelles avant de se lancer, à la fin des années 90, dans une série de recours en justice pour essayer de gagner le droit de retourner chez eux.

chagosDans ce roman on va suivre la vie de Marie-Pierre Ladouceur, une jeune chagossienne mère d'une petite fille, qui vit avec sa famille sur Diego Garcia sans soucis particulier. Jeune, insouciante, elle va tomber amoureuse de Gabriel, un créole mauricien qui travaille pour l'administrateur colonial. Amour impossible et romantique qui va donner au roman une humanité et un enracinement dans la vie chagossienne. 

On vit le quotidien des protagonistes, on découvre ce petit coin de paradis qu'est Diego Garcia, on se révolte devant l'exil obligé, on pleure devant les victimes de la colonisation et on vibre avec les chagossiens dépouillés et révoltés.

Le récit est parsemé des réflexions d'un arraché à sa terre qui va devenir le porte parole des recours en justice. La plume est pleine de sensibilité, on ressent beaucoup d'empathie pour tous les personnages, quelque soit leurs rôles.

Ce récit basé sur des faits historiques est  instructif, flamboyant, révoltant et plein d'espoir.

Un livre porte-parole intense  et émouvant.

Extraits : 

« On mangeait à notre faim, des choses saines, c'était simple. En plus de notre ration de riz, de sucre, de légumes, on avait droit de temps en temps à des bidons de vin. Le quotidien était paisible, on allait à notre rythme. Ce n'était pas une vie économique. »

« Ce n'est pas grand chose, l'espoir.
Une prière pour soi. Un peu de rêve pilé dans la main, des milliers d'éclats de verre, la paume en sang. C'est une ritournelle inventée un matin de soleil pâle.
Pour nous, enfants des îles là-haut, c'est aussi un drapeau noir aux reflets d'or et de turquoise. une livre de chair prélevée depuis si longtemps qu'on s'est habitué à vivre la poitrine trouée.
Alors continuer. Fixer l'horizon. Seuls les morts ont le droit de dormir. Si tu abandonnes le combat, tu te trahis toi-même. Si tu te trahis toi-même, tu abandonnes les tiens.
Ma mère.
Je la revois sur le bord du chemin, la moitié du visage inondée de lumière, l'autre moitié plongée dans l'ombre. Ma géante aux pieds nus. Elle n'avait pas les mots et qu'importe ; elle avait mieux puisqu’elle avait le regard. »

« Je dirai aux juges d'où je viens.
Je leur parlerai d'un pays qui laissait vivre ses enfants, qui ne les affamait pas, qui respectait leur mémoire. Mon pays volé.
Je leur ferai entendre la fêlure dans la voix de ma mère.
Je leur dirai pourquoi ma vie n'est pas de vivre, mais seulement de me battre. Pas une vie gâchée, non. Une vie donnée. Dédiée.
Je lutte depuis le premier jour. C'est inscrit en moi. »

Publicité
Publicité
Commentaires
C
ah j'enrage d'autant plus de l'avoir rendu à la bibli, mais je n'ai pas eu le temps de le lire (pour plein de raisons) et il était réservé...bon, ce n'est que partie remise!!
Répondre
V
je ne connaissais ni ce livre ni ce pan d'histoire... si en plus il y a une lueur d'espoir, hop !
Répondre
G
Très tentant, j'ignorais tout de cet archipel, où alors, si j'en ai eu connaissance un jour, j'ai oublié. Un roman aussi instructif devrait répondre à mes attentes. Je note !
Répondre
S
donnes
Répondre
S
Tu n'es pas la première à en dire du bien.<br /> <br /> Tu me donne envie de le lire.
Répondre
A
J'hésitais à le lire, mais tu as fini par me convaincre.
Répondre
J
Eh ben, quel enthousiasme ! Tu donnes envie de s'y plonger au plus vite.
Répondre
Publicité