La rose de Saragosse, de Raphaël Jerusalmy
Il était noté depuis longtemps dans ma LAL, et enfin libre à la bibliothèque.
Tout d'abord, un point sur les faits historiques :
En septembre 1485, Pedro de Arbuès, inquisiteur pour le royaume d'Aragon, est assassiné alors qu'il était en prière dans la cathédrale de Saragosse. Il sera remplacé par Tomas de Torquemada, grand Inquisiteur, qui lancera un immense autodafé durant lequel des centaines d'hérétiques et de juifs seront brûlés vifs.
Certaines familles de juifs convertis furent impliqués dans l'assassinat d'Arbuès.
En 1492, le sultan Bayezid II envoie Kamel Reis sauver 150 000 juifs d'Espagne de l'Inquisition.
Et le roman :
A la suite de l'assassinat d'Arbuès, des caricatures fleurissent sur les murs de la ville. Ces impressions sont assez grossières mais signées par une rose au contraire extrêmement fine qui requiert une grande maîtrise de l'art de la gravure. Furieux, le grand Inquisiteur Tomas de Torquemada promet une récompense à ceux qui trouveront qui est le graveur.
Angel de la Cruz est un mercenaire qui travaille pour la police en croquant des signalements de fugitifs, de brigands, d'hérétiques. Connaissant bien le milieu des graveurs, il décide de trouver l'auteur des affiches.
Deux familles de juifs convertis, Abraham Cuheno et ses enfants Raquel et Yéhida ainsi que Ménassé de Montesa et sa fille Léa sont inquiets des ravages de l'Inquisition et se préparent à un exil vers l'empire Ottoman. Ménassé possède une grande quantité de manuscrits et de livres, ainsi qu'une belle collection de gravures, sans doute la plus importante d'Espagne.
Les différents protagonistes vont se rencontrer, se croiser, se confronter dans un récit construit autour de l'art comme objet de déstabilisation.
Non-dit, secret ... l'intrigue et l'aventure sont au service de l'histoire de la persécution de l'inquisition, la conquête de la liberté et l'art de la gravure.
Une lecture enrichissante.
Extrait : "Ménassé possède une immense bibliothèque dont il consulte souvent les ouvrages. Mais c'est à l'étage des gravures qu'il médite le mieux, scrutant les lignes noires tracées par le stylet, puis estampées avec force sur la feuille. Il a toujours été envoûté par ces impressions à l'encre, un peu crues, parfois brutales. Elles lui semblent dotées de pouvoirs mystérieux. D'une énergie secrète qui, libérée des signes, surpasse celle de l'écrit."