La fille qu'on appelle, de Tanguy Viel
Laura est une jeune femme d'une vingtaine d'années qui décide d'aller vivre auprès de son père, dans une ville portuaire bretonne. Ancien champion de boxe, Max, son père, est à présent le chauffeur du maire. Il demande à ce dernier une faveur, celle de recevoir sa fille pour voir si il serait possible de l'aider à trouver un logement.
Le maire est un homme charmeur, aux dents longues, qui brigue un mandat de ministre.
Laura va se retrouver happée dans ses filets.
Et elle va porter plainte. On le sait dès le début puisque l'histoire est celle racontée par la victime aux policiers.
Tanguy Viel décortique les mécanismes de la domination sociale, de l'emprise masculine et des abus sexuels avec force.
C'est bien écrit, même très bien, mais il m'a fallu souvent relire les phrases très longues afin d'en comprendre la teneur. Du coup je n'ai pas vraiment réussi à entrer dans l'histoire et je me suis perdue dans l'écriture.
Lecture en mi-teinte, donc.
Extrait : "ll y a certaines choses, elle a continué, je ne suis pas sûre que vous puissiez le comprendre.
Ah non ? ils ont fait.
Et dans le silence qu'elle laissait s'installer, elle réflechissait à comment leur expliquer, comment leur dire que la seconde marche, elle a repris, la seconde marche, elle est bien plus haute que la première.
Et de fait, c'est vrai, ils n'ont pas eu l'air de comprendre, pas plus que si on leur avait mis sous les yeux une équation mathématique réduite à son expression la plus abstraite - eux, collégiens de bonne volonté mais dont le tour d'esprit n'aurait pas été formé à ce genre de métaphores pour qu'appparaisse autre chose qu'une image pour ainsi dire littérale d'escalier et de marches inégales.
Que le plus dur, elle a repris, ou bien le pire, ou bien le plus absurde, ce n'est pas de passer de zéro à un, mais bien de un à deux, je veux dire, vous comprenez, passer de la première à la deuxième fois.
Vous voulez-dire qu'il y a eu une deuxième fois ?
Le lendemain. A la même heure. On est venu me chercher au bar, on m'a dit : Il t'attend.
Qui ça "on" ?
Je ne sais pas. Quelqu'un.
Et vous y êtes allée ?
Oui
Alors le policier qui continuait de taper le récit sur son ordinateur, comme si cette fois il ne pouvait pas continuer d'enregistrer une plainte qu'il jugeait de plus en plus irrecevable, il s'est arrêté et il a dit :
Je ne comprends pas. Vous pouviez très bien dire non à ce moment-là.
Peut-être, elle a dit. Je ne sais pas. Et presque énervée ou bien continuant de réflechir à voix haute, elle a poursuivi : Vous savez pourquoi la deuxième fois et pire que la première ? Eh bien parce que dans cette fois-là, dans cette deuxième fois, il y a toutes les suivantes."