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le blog des fanas de livres
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27 avril 2022

Bélhazar, de Jérôme Chantreau

bélhazar_

J'avais aimé la présentation que l'auteur avait faite de son livre à la Grande Librairie, et comme il était présent au salon rue des livres, j'en ai profité pour discuter avec lui et acheter son roman.

Professeur de français au Pays Basque, il a été marqué par le décès de deux de ses élèves, et plus particulièrement par celui de Bélhazar. Ce jeune homme excentrique et hyper sensible avait été élève de son collège pendant quelque temps. Sa famille ayant déménagé en Bretagne, il en avait des nouvelles par son beau-fils qui était resté en contact avec lui. C'est donc par ce biais qu'il a appris la mort du jeune homme un soir de février 2013. Interpellé dans la nuit pour un contrôle d'identité, Bélhazar a été tué par une balle tirée par une arme ancienne qu'il avait sur lui. Bavure policière, accident ou suicide ?

Cet élève, l'auteur n'avait pas vraiment réussi à le cerner et à l'aider lorsqu'il était son enseignant. C'était un élève peu scolaire, qui ne rentrait pas dans les cases, qui rendait ses devoirs tapés par une vieille machine à écrire sur du papier d'épicerie, qui n'écoutait pas mais était capable de réflexions profondes. Un gamin extra-ordinaire. 

Fasciné par cet adolescent, entraîné par la rencontre avec ses parents et le questionnement sur son décès, interpellé par les malédictions qui touchent ceux qui suivent l'affaire, Jérôme Chantreau va entreprendre une enquête sur Bélhazar. Il va apprendre qui était cet adolescent hors norme, qui vivait hors du temp avec un code d'honneur bien à lui, et qui a laissé derrière lui des parents fiers et accablés mais aussi un nombre important de trouvailles, d'objets, de dessins ou d'inventions, ..comme un petit poucet semant ses cailloux.

J'ai aimé découvrir ce personnage haut en couleur et plus particulièrement la relation particulière qu'il avait avec son père, « J'ai toujours eu l'impression qu'il ne m'appartenait pas, qu'il était là pour quelque chose qui nous dépassait, que la seule chose que j'avais à faire avec lui, la plus urgente, c'était de profiter de la chance que j'avais de vivre à ses côtés. Un bonhomme comme lui, c'est pas tous les jours qu'on en rencontre. Les gens s'ennuient souvent quand ils passent du temps avec leurs enfants. Moi, j'étais fasciné. Et j'en ai profité, crois-moi. C'est pourquoi je peux dire qu'aujourd'hui, je n'ai aucun regret. ». 

J'ai aimé la sensibilité de l'écriture, le respect et la pudeur que la lecture dégage tout en développant une grande intimité avec le lecteur, et les interférences entre la vie de l'auteur et l'enquête.

J'ai par contre été perdue à la fin avec un revirement vers un univers parallèle onirique.

Un bel hommage.

Extrait : 

"Je dois ressusciter un fait-divers, le ramener à la lumière, trouver sa vérité. Le combat contre la thèse du suicide a toujours été la cause commune entre les parents et moi. Ce livre doit détruire cette ignominie, cette double peine : Bélhazar n'a pas pu se donner la mort. Pas lui, pas le preux chevalier, par le Regardeur de soleils. C'est une question de style. Et le style est plus infaillible que l'ADN. Il ne peut pas être Bélhazar et mourir ainsi. Il y va de l'honneur d'un jeune homme et je suis là pour le défendre.

Mais voilà, la moindre de mes certitudes se fissure au contact des faits, et je ne peux pas passer sous silence, au motif que cela n'arrange pas les parents, les deux scènes qui vont suivre."

et un passage qui m'a personnellement interpelé :

"Retour à la maison. Un autre jour, la mère d'Armelle la vend, et c'est toute cette vie qui disparaît. Je connais bien ce séisme des familles. Je l'ai vécu à la mort de la mienne. On veut croire qu'une maison n'est qu'un lieu dont on dispose un temps, que l'on vend pour en changer. Mais a-t-on bien réfléchi à tout ce que l'on vend ?

Non, sinon on ne le ferait pas.

On vend les souvenirs et l'incrustation de la vie dans les murs, les voix chères qu'on entend longtemps après qu'elles se sont tues, la possibilité d'invoquer des fantômes. On vend les recoins secrets, les alcôves et les angles saillants. Ce qui cogne et ce qui répare. La maison, qui nous colle à la peau comme un vieux jeans qu'on garde au fond d'un tiroir et qu'on ne jetterait pas pour tout l'or du monde. On vend un temple dans lequel on se cachait pour murmurer des prières. Si un jour on veut s'en débarrasser, c'est que l'on est fâché avec ses dieux."

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Commentaires
L
ce billet passer (désolée!)
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L
je n'avais pas vu ce billet passé et je me dis que j'aimerais bien lire ce roman sauf que la fin freine un peu mon envie.
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A
Tu donnes envie de découvrir cet élève. Et j'adore la citation sur la maison, si vraie.
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A
Tiens, un sujet qui m'intrigue ... Mais qui attendra une sortie en poche, ce que tu dis de la fin ne me motivant pas assez pour craquer tout de suite.
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G
Un personnage que l'on a envie de rencontrer et de passer de temps avec lui. Je note :)
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A
Il m'avait intéressée aussi lors de son passage à la Grande Librairie. A l'occasion je l'emprunterai à la bibli.
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