notes sur le chagrin

Un texte très personnel écrit avec beaucoup de pudeur par l'auteure sur la mort de son père.

Nous sommes en juin 2020, période de Covid. Chimamanda Ngozi Adichie vit aux Etats-Unis, ses frères, soeurs et ses parents sont dispersés dans différents coins du globe. C'est donc par zoom que les réunions familiales rituelles du confinement ont lieu. Le 7 juin a eu lieu une dernière réunion joyeuse, regroupant les six enfants et les parents. Quelques jours après, le 10 juin, James Nwoye Adichie meurt à l'hôpital

L'auteure va passer par plusieurs phases qu'elle nous décrit dans des chapitres courts, comme une respiration. L'effarement, le refus d'en parler pour éviter d'y croire, l'effondrement, la honte de ne pas avoir vu que son père n'allait pas bien... L'auteure décode les informations dans une sorte de brouillard. L'enterrement ne peut pas se dérouler tout de suite, les aéroports étant fermés et cela ajoute à l'étrangeté de l'annonce. Il y a aussi les rituels, les traditions et la culture du pays (Nigeria) à suivre.

Les chapitres sont courts, le livre ne fait que 98 pages, en petit format, mais à travers toutes les lignes et tous les mots transparaît la douleur de la perte et l'immense admiration et amour que l'auteure avait pour son père.

Un livre émouvant, doux et pudique.

Extraits : 

"J'ai besoin de temps. Pour le moment, j'ai envie de sobriété. Un ami m'envoie une phrase de mon roman : "Le chagrin était la célébration de l'amour, ceux qui pouvaient ressentir un véritable chagrin avaient la chance d'avoir aimé". Comme c'est étrange que la lecture de mes propres mots me cause une douleur si exquise."

"Dans les réunions Zoom, nous vacillons, nous ne sommes pas préparés, pas au courant des choses pratiques. Émotionnellement, nous pataugeons aussi. Nous avons eu cette chance folle d'êtrte heureux, d'être pris dans une cellulle familiale intacte et sécurisante, de sorte que nous ne savons pas quoi faire de cet éclatement. Jusqu'à présent, le chagrin appartenait à d'autres. L'amour apporte-t-il, même inconsciemment, l'arrogance trompeuse de croire qu'on ne sera jamais touché par la douleur de la perte ?"

"J'écris sur mon père au passé et je n'arrive pas à croire que j'écris sur mon père au passé."